Genève, 01.03.2002: Dominique Ziegler, fils de Jean,
a mis en scène "N'Dongo revient". On y voit les
relations particulières entre un dictateur africain et un
chef d'Etat français.
Quinze jours auront suffi à Dominique Ziegler - 31 ans,
fils de Jean Ziegler - pour se tailler une belle notoriété
dans le milieu théâtral genevois. Et pour décrocher
un contrat avec le Théâtre de la Main d'Or (80 places),
à Paris, où "N'Dongo revient" sera joué
en avril prochain. Cette première pièce dudit Ziegler
a été présentée, dans la mise en scène
de l'auteur, à l'Auberge du Cheval blanc à Genève,
du 13 au 28 février, avec une salle comble la dernière
semaine.
Marionnettes en chair et en os
Il faut dire que le bouche-à-oreille a très bien fonctionné,
malgré un thème souvent rabâché par les
humoristes et apprécié par les amateurs de sketches
hilares: le face à face tragi-comique entre un dictateur
africain, N'Dongo (David Valère) et un Président Blanc
(François Revaclier).
D'un côté donc, un bricoleur de suffrages truqués,
un potentat platement autoritaire et vaguement bouffon sous ses
immenses lunettes noires. De l'autre, un vautour de meilleure compagnie,
un grand profiteur, une hydre à deux têtes.
La première tête évoquant, par les gestes et
l'intonation de l'acteur, la figure de Chirac; la seconde celle
de Mitterrand, surtout lorsque les propos se resserrent autour de
l'affaire "Ulf" (allusion à Elf bien sûr)
et du fils corrompu d'un chef d'Etat français.
Devant ces marionnettes en chair et en os, on sourit. N'Dongo et
le Président Blanc se savent tricheurs et hypocrites. Mieux,
ils en jouent.
Le président
Gnassingbe Eyadema
Leur manipulateur, Dominique Ziegler, les dévoile avec la
naïveté de l'écrivain débutant qui, indigné
par les minauderies monstrueuses des politiciens, force un peu trop
le trait. Avec, aussi, la probité de celui qui s'est donné
la peine de consulter les archives d'Amnesty International et les
discours présidentiels pour donner à ses dialogues
la tonalité d'une diatribe.
L'auteur a écrit sa pièce à son retour du
Togo où il a séjourné un mois, en 2001. "Sous
le personnage de N'Dongo, se cache, confie-t-il, le président
Gnassingbe Eyadema qui depuis 35 ans détient le pouvoir au
Togo précisément, grâce à la France.
C'est presque un analphabète dont les sales manuvres
ont fait des milliers de mort dans son pays".
Et l'auteur de s'indigner devant l'indifférence occidentale
à l'égard de l'Afrique. Un continent qu'il aime et
qu'il a traversé à plusieurs reprises, parfois seul,
parfois en compagnie de son père.
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