Paris, 12 août 2002: Amnesty International dénonce
la vague de répression contre les hommes politiques et les
journalistes qui sévit actuellement au Togo.
Claude Améganvi, président du Parti des travailleurs
(PT) et coordinateur de Quelle solution pour le Togo?-
mouvement créé récemment pour exposer entre
autres des cas d'impunité - a été arrêté
par les forces de sécurité le 6 août 2002. Il
est inculpé de "diffusion de fausses nouvelles et
troubles à l'ordre public" et détenu à
la prison civile de Lomé.
Il a été arrêté alors qu'il sortait d'un
entretien avec le ministre de l'Intérieur, de la Sécurité
et de la Décentralisation au cours duquel il avait demandé
la libération de deux enseignants, Djoura Tiguéna
et Takana Badjessa, arrêtés après avoir
distribué des tracts pour le mouvement Quelle solution pour
le Togo?
Djoura Tiguéna et Takana Badjessa ont été arrêtés
le 23 juillet par les forces de sécurité à
Niamtougou, dans le nord du Togo. Ils sont détenus à
la prison civile de Kara. Amnesty International ignore les charges
retenues contre eux mais il semblerait que la distribution de tracts
du mouvement Quelle solution pour le Togo? soit à l'origine
de leur incarcération. Ces tracts appelaient les Togolais
à rendre hommage à la mémoire de Tavio Amorin,
membre du Haut Conseil de la République (HCR) qui a été
extrajudiciairement exécuté il y a dix ans, et de
toutes les victimes de la répression au Togo.
Amnesty International craint que Claude Améganvi, Djoura
Tiguéna et Takana Badjessa, n'aient été arrêtés
et ne soient détenus seulement pour avoir exercé pacifiquement
leur droit à la liberté d'expression et les considère
comme prisonniers d'opinion. Amnesty International lance un appel
pour leur libération et demande au Président Eyadéma
de tout mettre en oeuvre pour sauvegarder la liberté d'expression.
Dans un communiqué publié le 7 août, le ministre
de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation
a déclaré que Claude Améganvi était
mis en cause par Julien Ayi, directeur du journal Nouvel Echo, dans
la rédaction d'articles faisant état de la fortune
de Gnassingbé Eyadéma, président du Togo et
d'un de ses fils. Julien Ayi avait été arrêté
le 5 août 2002 "pour s'expliquer sur le contenu de
ces articles" publiés dans son journal. Cette information
relative à la fortune du chef de l'état et d'un membre
de sa famille reprenait les termes d'un article analogue publié
sur un site internet togolais.
En outre, Basile Agboh, directeur de publication de l'hebdomadaire
Akekle (Le Scorpion) arrêté le 5 juin 2002 et inculpé
"d'atteinte à l'honneur", suite à
la publication d'un article mettant en cause le fils du chef de
l'État, Ernest Gnassingbé, est toujours en détention
(voir Amnesty International "Togo : Nouvelles attaques contre
la liberté de la presse" AFR presse, AFR 57/007/2002,
7 juin 2002).
"L'augmentation du nombre de personnes qui ont été
incarcérées pour avoir exercé pacifiquement
leur droit à la liberté d'expression au cours de ces
deux dernières années montre que les autorités
togolaises sont déterminées à affaiblir la
société civile et réduire les dissidents au
silence," déclare Amnesty International.
Informations générales
Amnesty International continue de recevoir des informations sur
les arrestations de militants politiques, de journalistes et sur
les entraves à la liberté de la presse. Au cours de
cette décennie, Amnesty International a enregistré
des dizaines d'arrestations de journalistes. Les journaux sont régulièrement
saisis pour "trouble à l'ordre public" par décret
du ministère de l'Intérieur, de la sécurité
et de la décentralisation.
La liberté d'expression est garantie par la Constitution
togolaise en son article 26, par le Pacte international sur les
droits civils et politiques ainsi que par la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples dont le Togo est partie signataire.
Amnesty International rappelle que le rapporteur spécial
des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à
la liberté d'opinion et d'expression estime que "l'emprisonnement
en tant que sanction de l'expression pacifique d'une opinion constitue
une violation grave des droits de l'homme".
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