Abidjan, 01 juin 2002:
Les Etats-membres d'Air Afrique se sont donnés rendez-vous
jusqu'au 15 juillet 2002 pour la constitution éventuelle d'une
nouvelle compagnie Air Afrique.
Cette décision a été prise lors d'une réunion
ministérielle des onze Etats membres de la compagnie panafricaine
en liquidation judiciaire depuis fin avril, à laquelle a participé
une délégation de haut niveau d'Air France. Sept ministres
étaient présents, des Transports (Côte d'Ivoire,
Togo, Bénin, Burkina Faso, Niger, Tchad) ou des Finances (Mauritanie),
les quatre autres pays membres étant représentés
à un moindre niveau.
C'est notamment le cas du Sénégal, l'un des pays
qui pèse lourd puisqu'il représentait environ 30%
du trafic de l'ancienne Air Afrique.
Air France a mis sur la table une offre, théoriquement valable
jusqu'au 15 juin prochain: 35% du capital (contre 11,84% dans l'ancienne
Air Afrique), un investissement de départ conséquent
(environ 76,2 M Euros), et le contrôle de la gestion de la
future entité. "Il ne s'agit pas du tout d'un ultimatum",
confie un haut responsable d'Air France.
De leur côté, les ministres des états-membres
présents devaient notamment se prononcer une mise de fonds
de 750 millions de FCFA chacun (1,14 M EUR). Il semble qu'une majorité
des états africains membres soient prêts à cet
investissement.
En revanche, la question de l'exclusivité pour trois ans
des droits de trafic internationaux, notamment vers l'Europe, pour
la future compagnie panafricaine et Air France, demeure un point
d'achoppement entre la compagnie française et ses interlocuteurs
africains.
Depuis la disparition d'Air Afrique, criblée de dettes et
sans plus aucun avion, de nombreux états membres ont relancé
des petites compagnies aériennes nationales, voire en ont
créé de toutes pièces, dont certaines sont
en train de monter en puissance avec des perspectives de liaisons
intercontinentales (par exemple Air Sénégal International,
prochainement Air Ivoire International).
Un sommet des chefs d'Etats des pays membres pourrait avoir lieu
vers le 12 juin, à Abidjan ou Dakar, pour finaliser d'éventuelles
décisions sur la base des discussions et rapports des ministres
présents à Abidjan.
Air Afrique a été mise en liquidation judiciaire
le 25 avril dernier par le tribunal de commerce d'Abidjan.
Prenant acte d'une situation catastrophique, un conseil d'administration
extraordinaire avait demandé le 8 février à
la direction de la compagnie d'engager une procédure de dépôt
de bilan.
Air Afrique avait été créée en mars
1961 par les président de dix pays africains nouvellement
indépendants -- Bénin, Burkina Faso, Centrafrique,
Congo, Côte d'Ivoire, Mauritanie, Niger, Sénégal,
Tchad et Togo, auxquels s'est joint le Mali en 1992.
Au moment de sa liquidation, la compagnie, symbole d'intégration
panafricaine au départ, était plombée par des
dettes estimées à 510 M EUR, résultat d'une
gestion calamiteuse. Elle employait 4.200 personnes et n'avait plus
un seul avion, le dernier en leasing ayant été saisi
peu auparavant.
Des inquiétudes subsistent cependant sur la volonté
réelle de certains Etats africains à relancer la compagnie
aérienne panafricaine. Dans beaucoup de pays notamment francophones,
des hommes affaires privés généralement proches
des gouvernements en place ou membres de ces gouvernements profitent
de la faillite de la compagnie aérienne panafricaine pour
installer sur les cendres d'Air Afrique des compagnies privées
concurrentes ou lancer des services annexes lucratifs comme c'est
le cas au Togo.
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