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Le 17 juillet 2002, le journal L'Autre Afrique
publiait une interview du Premier Ministre togolais limogé
à quelques heures de sa démission annoncée.
Compte tenu de retouches rédactionnelles ou de fonds
constatées entre la version ayant circulé la veille,
nous publions les deux versions sous forme comparative. Nous
laissons à nos lecteurs le soin d'apprécier les
retouches de fonds ou de forme.
La rédaction TOGO Confidentiel
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Interview de l'ex-Premier Ministre Messan Agbéyomé
KODJO à L'Autre Afrique:
AGBEYOME KODJO, GNASSINGBE EYADEMA: Pour
qui sonne le glas?"
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Interview de Messan Agbéyomé
KODJO au magazine L'Autre Afrique
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Interview publiée par le journal (17.07.02) |
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Intégralité de l'interview (16.07.02)
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Comment
vivez-vous les commentaires qui suggèrent que votre acte
de bravoure est d'abord un acte de dépit d'un homme politique
qui vient de perdre sa place au bord de la mangeoire? |
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Comment
vivez-vous les commentaires qui suggèrent que votre acte
de bravoure est d'abord un acte de dépit d'un homme politique
qui vient de perdre sa place au bord de la mangeoire?
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Il ne s'agit pas d'un acte qui relève de considérations
individuelles et personnelles. Dans la vie, il faut avoir
des principes et des convictions qui résistent à
toute forme de séduction matérielle, politique
ou simplement fondée sur un calcul mesquin. Dieu qui
est le vrai souverain pourvoit au besoin de chacun.
Je crois qu'on n'est jamais heureux seul. Mon acte de rupture
avec la politique incarnée par le Président
Eyadéma est une réponse aux attentes de la grande
majorité de nos concitoyens.
Il faut que cela change, il faut inventer de nouvelles méthodes
de gestion de la Cité qui libèrent les énergies
et amènent les Togolais à croire en leur avenir
et à celui de la Nation.
Les bases fondamentales de cette politique demeurent, à
mon humble avis, l'égalité des chances, la primauté
du droit, la justice, la récompense de l'effort et
du mérite, le respect des droits de l'homme et la promotion
de la démocratie.
Personne ne me dira que la situation qui prévaut au
Togo n'est pas un sujet de préoccupation, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de notre
pays.
La crise, dont nous connaissons les origines, a plongé
les Togolais, dans une situation de précarité
extrême.
Depuis 1958, année de naissance de la République
togolaise, les Togolais n'ont jamais autant été
confrontés à une telle misère morale
et matérielle.
La situation de notre pays méritait un électrochoc
assez fort pour une meilleure prise de conscience à
tous les niveaux pour qu'ensemble nous puissions, dans l'amour
de la patrie et dans la paix, opérer les reformes nécessaires
à la libération de notre pays du joug de la
misère et de la pauvreté.
Si l'acte que j'ai posé pouvait conduire des changements
profonds dans la vie de nos compatriotes, alors oui, j'aurais
apporté ma petite contribution au soulagement des souffrances
du peuple.
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Il ne saurait en être autrement qu'ainsi
car dans la vie il faut avoir des principes et des convictions
qui résistent à toute forme de séduction
matérielle ou politique.
L'acte que j'ai posé le 27 Juin 2002 avant de remettre
ma démission est un acte de rupture avec la politique
incarnée aujourd'hui par le Président EYADEMA,
une réponse aux attentes de la grande majorité
des togolais.
Il faut que notre façon de gouverner change, car le monde
de 1963 ou de 1967 n'est pas celui dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Il nous faut réinventer de nouvelles méthodes
de gestion de la cité qui libèrent les énergies,
qui récompensent l'effort et accordent une place au mérite.
Il suffit de regarder autour de nous.
A mon humble avis, les bases de cette politique demeurent la
primauté du droit sur la volonté du prince, la
justice sur l'arbitraire, l'égalité des chances,
le respect des droits de l'homme et de la vie humaine, et la
construction d'une démocratie saine .
Personne ne peut affirmer que la situation socio-politique qui
prévaut au Togo n'est pas un sujet de préoccupation
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
de notre pays.
La crise qui secoue le Togo depuis une décennie, et dont
nous connaissons les origines, a plongé les togolais,
dans une situation de précarité et de doutes extrêmes.
Depuis la naissance de la République en 1958 les Togolais
n'ont jamais été confrontés à une
si grande misère matérielle et morale.
La situation de notre pays méritait un électrochoc
assez fort pour une meilleure prise de conscience à tous
les niveaux pour qu'ensemble nous puissions, dans l'amour de
la patrie et dans la paix, opérer les reformes nécessaires
à la libération de notre pays du joug de la misère
et de la pauvreté.
Si l'acte que j'ai posé peut amener des changements quantitatifs
et qualificatifs dans la vie des Togolais, je serais heureux
d'avoir apporté une petite contribution au soulagement
des souffrances de nos populations. |
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Les pratiques que vous
dénoncez aujourd'hui sont, de l'avis général,
très anciennes. Votre dénonciation est simplement
plus crédible, parce que vous connaissez le système
de l'intérieur. Pourquoi cette prise de conscience plutôt
tardive?
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Les pratiques que vous
dénoncez aujourd'hui sont, de l'avis général,
très anciennes. La dénonciation est simplement
plus crédible, parce que vous connaissez le système
de l'intérieur. Pourquoi cette prise de conscience plutôt
tardive? |
Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Beaucoup
de gens du sérail prennent pour de la malveillance, de
la calomnie et de la diffamation les critiques émises
par les responsables de l'opposition qui, faut-il le dire, est
constituée d'hommes de talent qu'envie secrètement
la mouvance présidentielle.
Au Togo la classe politique a malheureusement cultivé
le mensonge avec un certain talent. C'est ainsi que, parfois,
il est difficile de démêler le vrai du faux. Mais
la responsabilité de cette déviance est d'abord
imputable au pouvoir. Au lieu de créer les conditions
d'une éducation civique et politique indispensable à
un pays en voie de développement, il a délibérément
choisi de faire dans le populisme et dans la manipulation, se
servant pour cela des médias d'État.
Le stalinisme, que l'on dit mort, a trouvé au Togo un
terrain fertile sur lequel il a prospéré des années
durant. Je dois confesser que nous aussi nous y avons participé.
Ma position de chef de gouvernement m'a permis de me rendre
compte effectivement de l'impuissance du gouvernement à
prendre la moindre initiative. Car, sur la base du modèle
que je viens de décrire plus haut, tout part du sommet
et tout ce qui se fait n'a pour unique objectif que de conforter
l'image du chef de l'Etat et renforcer son autorité à
tout prix.
Le chef de l'État est très sensible à son
image. Il commandite les déclarations de dénigrement
de ses adversaires politiques, que les plumitifs de la cour
prennent soin de lui présenter avant leur diffusion.
Le Président utilise les services des médias nationaux
et étrangers pour tenter de détruire ou de nuire
à ses adversaires politiques.
L'épisode de l'article d'un de vos confrères(François
SOUDAN, Jeune Afrique/L'Intelligent, ndlr TOGO Confidentiel)
au lendemain de mon départ du gouvernement est assez
révélateur de cette pratique. Le journaliste en
question est un habitué du Palais de Lomé II.
Je n'en dirai pas plus.
Cette position m'a aussi permis de comprendre le système
et la part de mensonge et de manipulation collective dans nos
discours et dans les actions que nous menons au niveau de l'Etat
et du Parti.
(...)
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Il n'est jamais trop tard pour bien faire; beaucoup
de gens du sérail prennent pour la malveillance, de la
calomnie et de la diffamation gratuites, les critiques de l'opposition
contre le régime.
Au Togo la classe politique a cultivé le mensonge avec
un art consommé à tel point que sur certains sujets,
il est difficile de démêler la part du vrai du
faux. Mais la responsabilité de cette défaillance
est à imputer au pouvoir en place qui au lieu de créer
les conditions d'une éducation civique et politique adéquate,
s'est englué dans le populisme désuet et dans
la manipulation permanente des consciences sur les médias
d'État.
Le stalinisme est mort mais ses avatars subsistent malheureusement
encore au Togo.
Mais signalons que ma position de chef de gouvernement m'a permis
de me rendre compte effectivement de l'impuissance du gouvernement
à prendre la moindre initiative car sur la base du modèle
décrit plus haut, tout part du sommet et l'exécution
doit avoir pour unique but de conforter l'image du président
et renforcer sa position et son autorité quoiqu'il en
coûte. Le chef de l'État est très sensible
au médias pour son image. Il commandite les déclarations
de dénigrement de ses adversaires politiques, que les
plumitifs de la cour prennent soin de lui présenter avant
leur diffusion. La grille des programmes de la télévision
lui est régulièrement soumise et il procède
à leurs modifications selon les enjeux du moment, et
tout cela le plus souvent sans l'avis du Ministre de la Communication.
Le Président utilise les services des médias nationaux
et étrangers pour se soigner l'image et pour tenter de
détruire ou de nuire à ses adversaires politiques.
L'épisode de l'article de François Soudan de Jeune
Afrique au lendemain de mon départ du gouvernement est
assez révélateur. Soudan est un habitué
du Palais de Lomé II. Son intervention sur RFI et l'exploitation
honteuse qui en a été faite sur les médias
d'État illustre l'usage que fait le Président
de la République de médias comme instrument de
propagande et de manipulation des consciences. Ma position de
Chef de Gouvernement soucieux de mes prérogatives constitutionnelles
m'a appris à mes dépens l'énorme supercherie
qu'il y avait dans ce régime ou les apparences l'emportent
sur la réalité.
Nous sommes bien dans un régime de parti unique aussi
bien dans l'esprit que dans ses méthodes, ses pratiques,
le tout avec un petit ravalement démocratique de façade.
Le régime fonctionne exactement comme avant la conférence
nationale. Un seul chef, une nation et tout le reste est
accessoire et factice.
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Si la plupart de vos
compatriotes saluent votre courage, il en est aussi qui vous
soupçonnent de vouloir à tout prix succéder
au général Eyadéma. Ce qui reviendrait
à expliquer votre audace par le calcul politicien
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Si la plupart de vos
compatriotes saluent votre courage, il en est aussi qui vous
soupçonnent de vouloir à tout prix succéder
au général Eyadéma. Ce qui reviendrait
à expliquer votre audace par le calcul politicien |
Les Togolais et moi le premier, savent qu'au Togo,
il y a une ambition qu'il ne faut pas avoir: celle de vouloir
succéder à Eyadéma. Cela se sanctionne
fatalement par des ennuis politiques ou des menaces de mort.
au risque de s'attirer des ennuis politiques ou de recevoir
des menaces de mort ou d'être l'objet d'attentat ou de
voir sa famille séquestrée et prise en otage et
soumise à des traitements inhumains et dégradants.
Je tiens à préciser une fois de plus, et de manière
définitive, surtout à l'adresse des courtisans
et des mercenaires de la plume, cette chose: mon acte de rupture
avec un système qui se statufie au fil du temps n'a d'autre
motif que de provoquer un sursaut national, pour favoriser la
sortie d'une crise dont les dégâts humains et économiques
sont désespérants pour notre pays.
Tel est mon objectif. Mais j'ai souvent entendu un chef africain
dire que nul n'échappera à son destin et que le
destin d'être chef d'une nation est réservé
exclusivement à une personne. Suivez mon regard
C'est dans ce contexte d'horizon bouché et de désespoir
collectif qu'est survenue la déclaration de Maurice Dahuku
Péré, qui fut comme une lumière jaillie
des ténèbres.
(...)
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Les Togolais et moi-même savons qu'au Togo
il y a des ambitions qu'il ne faut pas avoir, au risque de s'attirer
des ennuis politiques ou de recevoir des menaces de mort ou
d'être l'objet d'attentat ou de voir sa famille séquestrée
et prise en otage et soumise à des traitements inhumains
et dégradants.
Sinon, comment comprendre la situation que vit ma famille et
surtout mon épouse Alfreda née Amorin cantonnée
à domicile depuis plusieurs semaines avec interdiction
de sortir de chez elle, son passeport confisqué, les
clés de sa maison, de sa voiture sous contrôle
des forces de sécurité? Les visites si elles ne
sont pas interdites, sont soigneusement filtrées. C'est
l'occasion pour moi de redire aux courtisans zélés
de la cour de Lomé II, et aux plumitifs de la presse
écrite, ainsi qu'à leurs homologues de l'audio
visuel, aveuglés par leur intérêt à
court terme, que mon geste n'avait qu'un seul objectif: relancer
le débat politique.
Il vous souvient qu'après l'échec des dernières
négociations du comité paritaire de suivi, le
code électoral a été modifié par
l'Assemblée Nationale et une CENI des juges a été
mise en place, pour conduire le processus électoral.
La position de la communauté internationale notamment
de l'Union Européenne, et de l'opposition a été
claire. La première suspend son financement et la seconde
annonce son refus de participer à un scrutin qui n' offre
aucune garantie de transparence.
Le Président de la République se contentant de
multiplier les manuvres d'épuisement et de division
des leaders de l'opposition alors qu'au même moment les
indicateurs économiques connaissent une dégradation
accélérée précarisant davantage
la paupérisation de nos concitoyens accentuant la précarité
des togolais.
Il faut souligner que sans des élections transparentes
organisées sur la base des Accords-cadre de Lomé
il n'y aura pas de reprise économique des relations de
coopération avec l'Union Européenne et la communauté
des bailleurs de fonds.
C'est dans ce contexte d'horizon bouché et de désespoir
collectif, que survint la déclaration de l'honorable
Maurice Péré, qui fut comme une lumière
qui jaillit des ténèbres.
Elle provoqua au sein du parti autant de surprise que de commentaires
et surtout des supputations. Nous attendions que des mesures
idoines soient prises pour conjurer le spectre du malheur qui
se profilait à l'horizon pour notre pays.
Malheureusement, l'appel à des réformes urgentes
au niveau du parti s'est heurté à l'intolérance
des adeptes de la pensée unique et des idéologues
staliniens.
Maurice a subi les pires humiliations indignes d'un ancien Président
de l'Assemblée Nationale, que la pudeur m'interdit de
raconter dans vos colonnes.
Très rapidement, des esprits malveillants ont tenté
de trouver dans ce document des passages que j'aurais écrits
ou inspirés, tout comme si tous les problèmes
que l'honorable a évoqués ne relevaient pas du
vécu quotidien de nos compatriotes. Il n'y a que ceux
qui ne connaissent pas Maurice qui peuvent croire à cette
imposture. Plus tard il a été décidé
d'envoyer à l'honorable une lettre mise au point, qui
n'est qu'un tissu d'insultes et d'agression morale.
Mon refus de signer la mise au point maladroite et inappropriée
destinée à remettre "le député
prétentieux" à sa place a été
à l'origine de toutes les cabales dont j'ai été
victime et j'assume .
Maintenant que j'ai décidé de rendre le tablier
et que je publie "Il est temps d'espérer" ,
certains y voient la main des opposants et notamment celle de
Gilchrist Olympio. Faut il rappeler que Mr Tchowou de la Chambre
de Commerce avait dans une lettre envoyée au Chef de
l'État, fait part de ses inquiétudes sur les dérives
suicidaires du régime? On a trouvé une main invisible
et Mr Péré a été accusé d'être
l'auteur présumé de cette correspondance. J'écris
un document qui pourrait être intitulé: les raisons
d'une démission où il est temps d'espérer,
on y voit tout de suite la main de Gilchrist Olympio. Quand
ce dernier publiera peut-être sa vision du Togo de demain,
on attribuera le document à son père outre-tombe
puisqu'il continue de troubler le sommeil de certains. Allons,
un peu de sérieux et un peu de moralité dans la
conduite des affaires de la nation.
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Aviez-vous conscience
de risquer votre vie en attaquant aussi frontalement le général?
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Aviez-vous conscience
de risquer votre vie en attaquant aussi frontalement le général?
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La cause que je défends est juste et je
me sens protégé par le Saint-Esprit. J'étais
à l'église pour me confier à Dieu quand
la police, qui ne s'embarrasse pas du détail juridique,
a investi les lieux du culte. C'est grâce à la
bonté infinie de DIEU que je suis encore en vie.
J'ai dû quitter le Togo parce que j'étais activement
recherché par les forces de sécurité pour
une séance d'explication dont on peut aisément
deviner les conséquences pour mon intégrité
physique.
Vous comprenez que, malgré les agitations de ceux qui
s'accrochent à un pouvoir décadent faute d'avoir
pris la mesure des réformes urgentes à entreprendre,
ils sont nombreux, parmi la population et dans les forces de
sécurité, ceux qui partagent mon analyse sur les
dérives du système Tous conviennent qu'il est
aujourd'hui urgent d'organiser la gestion de la Cité
autour de nouvelles valeurs susceptibles de ressusciter la grandeur
et le rayonnement de notre pays.
(...)
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La cause que je défends est juste et je
me sens protégé par le Saint-Esprit. C'est grâce
à la bonté infinie de DIEU que je suis encore
en vie. J'ai dû quitter le Togo parce que j'étais
activement recherché par les forces de sécurité
du Président Eyadema pour une séance d'explication
de ma déclaration, dont on peut aisément deviner
les conséquences fâcheuses pour mon intégrité
physique.
D'ailleurs, le contenu de ce document testament a été
implicitement reconnu par le régime, dans la mesure où
elle n'a bénéficié d'aucune explication
crédible jusqu'à ce jour pour rassurer les populations
et démontrer qu'il ne s'agit là que des élucubrations
d'un serviteur zélé, aux abois et de surcroît
surmené . Au contraire, le régime s'enfonce davantage
dans la déchéance en n'ayant que pour seule justification
l'organisation des marches de soutien à coup de millions,
pour tenter de redresser une image abîmée et dévalorisée
du Chef de l'État et du régime qu'il incarne.
Il n'y a plus de retenue ni de moralité, même dans
les médias officiels qui sont mis à contribution
pour vilipender l'ex-Chef de Gouvernement et pour crier à
la trahison. Entre celui qui montre les dérives d'un
système et celui qui trahit le suffrage populaire, qui
est coupable?
Enfin je voudrais ici exprimer toute ma gratitude aux forces
de sécurité qui, ayant investi le lieu du culte
où je me trouvais, m'ont aidé à me protéger
avant d'organiser ma sortie du territoire national afin de préserver
ma vie. |
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Votre texte vient après
celui d'un député, ancien président de
l'Assemblée nationale. Faut-il comprendre que le général
commence à devenir un problème pour ses propres
partisans?
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Votre texte vient après
celui d'un député, ancien président de
l'Assemblée nationale. Faut-il comprendre que le général
commence à devenir un problème pour ses propres
partisans? |
Ils sont légion, les hommes qui pensent
comme Péré, mais à qui manque le courage
de se déclarer. Les gens croient qu'il est impossible
de dire non, de s'opposer au chef de l'Etat, qu'ils appellent
secrètement Hitler. Ils ont peut-être raison, car
Péré a été victime de mesures vexatoires
de toutes sortes.
Le Général Eyadéma a été
très utile pour le pays à un moment donné.
L'environnement international marqué par la guerre froide
y a énormément contribué. Aujourd'hui,
la donne internationale a changé. Seul Eyadéma
refuse de s'adapter aux exigences du monde moderne (démocratie,
respect des droits de l'homme, bonne gouvernance). Après
la chute du mur de Berlin et le discours de la Baule, il avait
estimé que tout cela ne nous concernait pas directement,
et qu'il fallait continuer à gouverner le pays comme
par le passé.
Le régime s'est encore plus radicalisé. Il a tout
fait pour neutraliser ses potentiels, et même ses partisans
qui osent affirmer un tant soit peu leur différence.
Le sentiment d'incertitude du lendemain renforce, chez lui,
le désir d'accumuler des ressources financières
aux dépens de la population, et c'est à ce jeu
malsain qu'on assiste quotidiennement.
Bref, il est difficile de changer un homme qui a pris de mauvaises
habitudes plusieurs décennies durant.
Comment comprendre que des affaires pendantes devant les tribunaux
soient traitées dans les salons ou dans la cour de Lomé
II, où le chef de l'Etat décide du sort des dossiers
au mépris de l'indépendance des magistrats?
(...)
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Le Général Eyadema a fait ce qu'il
a pu pour notre pays. L'environnement international marqué
par la période de la guerre froide y a énormément
contribué. Cette conjoncture internationale a favorisé
l'alliance avec l'Occident, dont le soutien a été
un élément déterminant avant la chute du
mur de Berlin.
Aujourd'hui la donne internationale a changé. Seulement,
Eyadema, lui, refuse de changer. Pas question pour lui de se
départir des adages abracadabrantesques qui constituent
les fondements vulgaires de ses méthodes arriérées
de gouvernement. Pas question de s'adapter aux nouvelles exigences
de l'économie néo-libérale fondée
sur la démocratie, le respect des droits de l'homme et
la bonne gouvernance.
Depuis mon opposition de donner mon aval au document contre-productif
en guise de réponse à l'analyse pertinente de
M. Péré, je fus soumis à toutes sortes
de vexations et à des cabales de tout genre par les courtisans
hostiles à ma personne et à mes fonctions de Premier
ministre, soutenus dans leurs basses manuvres par le Chef
de l'État. Au fait, tous ceux qui ont signé la
mise au point n'y croient pas, car des membres du gouvernement,
membres du Comité Central, signataires de la mise au
point du Parti à la déclaration de Mr Péré,
m'ont confié qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de
signer car on ne peut rien refuser à Eyadema qui est
un Hitler tropical.
L'histoire leur donne raison puisque pour avoir osé dire
non à Eyadema, pour avoir eu le courage de révéler
les dysfonctionnements du régime, je suis aujourd'hui
l'objet de trois plaintes: celles du père, du fils et
du neveu. Peut-être demain, ce sera celle de la fille.
Le père de la nation et du colonel Gnassingé Ernest
dépose plainte contre moi pour atteinte à son
honneur, le fils colonel de son état pour diffamation,
le neveu, directeur général du Port pour mauvaise
gestion. Au Togo d'Eyadema le ridicule ne tue pas.
Voila un serviteur du peuple qui, se trouvant dans l'impossibilité
de traduire dans les faits sa déclaration de politique
générale adoptée à l'unanimité
par l'Assemblée Nationale, et qui assiste quotidiennement
impuissant face à certaines pratiques qui renforcent
la misère et la déchéance morale et intellectuelle
d'un peuple qui ne cherche qu'à s'épanouir et
à apporter sa contribution à la nouvelle civilisation
universelle qui se construit, décide de jeter l'éponge
et appelle à une nouvelle méthode de gestion de
la cité afin de sauver un pays à la dérive.
Le Président de la République n'a trouvé
rien de mieux à faire que de porter plainte contre lui
pour atteinte à son honneur.
Le Colonel Gnassingbé, dont les pratiques en terme de
violation des droits de l'homme sont connues, menace d'exécuter
le Premier Ministre, jette le journaliste qui a fait écho
de l'information en prison; son père suborne les témoins
et fait porter plainte contre le serviteur menacé de
mort. Faut il rappeler que cet officier dont le nom a été
cite par la FIDH dans l'attentat de Soudou contre Gilchrist
Olympio, n'a jamais été entendu par la justice?
Il réclame aujourd'hui, que son honneur soit lavé
parce qu'il aurait été diffamé.
Sur un autre registre, c'est le nouveau Directeur Général
du Port, neveu du Président de la République,
qui découvre subitement, trois ans après le départ
de son prédécesseur, que celui-ci aurait fait
de la mauvaise gestion; il lui a été demandé
de formuler une plainte contre son prédécesseur
après son départ de la Primature, alors qu'au
même moment on observe des soustractions quotidiennes
des caisses du Port, d'énormes sommes destinées
à alimenter le trésor de guerre du Président
de la République et que le Ministre de la Défense
continue d'écumer les sociétés d'État,
notamment le Port, en leur adressant des courriers estampillés
"secret défense" sans que le Président
de la République ne soit apparemment tenu informé
L'Office Togolais des Phosphates, qui a connu une gestion artisanale
qui l'a conduit à la faillite réelle, ne semble
faire l'objet d'aucune préoccupation par les vertueux
de la République.
Quelques chiffres permettent de comprendre la gigantesque prévarication
et de détournement organisé de fonds publics par
une bande de hors la loi: Le passif exigible à la veille
de la privatisation, 80 milliards de francs CFA, résultat
net comptable fin exercice 2000, se chiffre par une perte historique
de plus de 11 Milliards avec un achat de matériel d'exploitation
facturé à plus 9 milliards alors que le prix d'achat
effectif de cet engin d'occasion n'est que de 250 millions de
francs CFA; un contrat de complaisance avec l'entreprise UDECTO
dont on connaît les liens avec le pouvoir de près
de 5 Milliards de francs CFA pour des travaux de remblai, sans
oublier les graves abus de biens sociaux.
Toute cette grande entreprise de concussion avec les mêmes
réseaux s'est déroulée dans le silence
et dans le mépris total des organes de contrôles
institutionnels et personne ne trouve rien à dire, sinon
de promouvoir à la Présidence de la Commission
de privatisation, l'auteur présumé de ce gangstérisme
jamais connu dans l'histoire du Togo.
En ce qui me concerne, en dehors de toute la haine que me voue
la bande à Eyadema, je voudrais simplement rappeler qu'à
mon époque à la direction du Port nous étions
constamment cités comme un modèle de gestion et
notre passage dans cette entreprise laisse dans l'histoire des
témoignages de notre contribution au rayonnement de cette
institution et au renforcement de sa capacité à
relever les défis du futur. Nous avons été
félicités par tous les organes de contrôle
qui nous ont délivré le quitus de bonne gestion.
Les gesticulations d'un pouvoir préoccupé par
la défense de ses acquis personnels au mépris
de la grande misère du peuple n'y peuvent rien changer.
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Est-ce vrai que le général
était au courant de l'existence de votre texte depuis
plusieurs semaines? Ce qui expliquerait pourquoi il a tardé
à vous démettre, alors que votre fronde remontait
à plusieurs mois déjà
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Est-ce vrai que le général
était au courant de l'existence de votre texte depuis
plusieurs semaines, ce qui expliquerait pourquoi il a tardé
à vous démettre, alors que votre fronde remontait
à plusieurs mois déjà? |
Vous savez, depuis que j'ai refusé de signer
la mise au point du comité central du RPT (Rassemblement
du peuple togolais, au pouvoir), à l'analyse historique
de Maurice Péré, toutes les cabales ont été
organisées par des courtisans hostiles à ma position,
pour brouiller mes relations avec le chef de l'Etat. Le Président,
à qui je faisais part de mes soucis, m'assurait souvent
qu'il allait arranger les choses, mais je ne voyais pas de perspectives
de résolution de ces problèmes pourtant simples.
J'ai donc décidé de préparer ma démission
en rédigeant un document intitulé Les Raisons
d'une démission. Je ne crois pas que le chef de l'Etat
ait été mis au courant de mon initiative de prendre
le peuple à témoin des obstacles érigés
sur mon parcours, pour contrecarrer l'action de mon gouvernement.
Je connais très bien le Président Eyadéma,
s'il avait été au courant, il aurait tout fait
pour en empêcher la publication. Tous ont été
pris de court. Dans mon esprit, ce document est une contribution
à la sortie de crise au Togo.
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Je connais très bien le Président
Eyadema, s'il avait eu vent de mon initiative de rendre public
mon document, il aurait déployé toutes les énergies
du monde pour m'en empêcher. Tous ont été
pris de court, d'où la panique dans leurs rangs et la
seule parade dont ils disposent est de me diaboliser. Le peuple
sait que j'ai raison et tous leurs propres fantasmes et travers
qu'ils m'attribuent sur les médias ne changeront rien
à la situation. Il faut savoir se retirer du pouvoir
à temps pour ne pas le contraindre à vous abandonner
dans des conditions déshonorantes.
(...)
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Vous avez rendu votre
texte public en étant encore sur le territoire togolais.
Cela signifierait-il que Eyadéma ne fait plus peur?
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Vous avez rendu votre
texte public en étant encore sur le territoire togolais.
Cela signifierait-il que Eyadéma ne fait plus peur? |
J'étais disposé à répondre
devant n'importe quelle instance à toutes les questions
qui me seraient posées sur ce texte intitulé "Il
est temps d'espérer". Le document a été
rendu public le 27 juin 2002, mais j'ai été contraint,
pour préserver ma vie de quitter Lomé le 30 juin
2002. J'étais prêt à assumer mon acte.
(...)
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J'étais disposé à répondre
devant n'importe quelle juridiction à toutes les questions
qui me seraient posées sur le contenu de mon document
"Il est temps d'espérer". Le document a été
rendu public le 27 juin mais mon départ contraint du
Togo s'est effectué le 30 juin 2002. J'étais prêt
à assumer mon acte.
Je n'ai peur de personne, j'ai fait mon devoir de citoyen et
de chrétien. J'ai foi dans la grande miséricorde
divine qui m'a montré le chemin de la charité,
de l'amour du prochain et dela vérité.
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Quand on découvre
les pratiques économiques du général telles
que vous les décrivez, on a le sentiment que le Togo
est, au mieux, un État sauvage, sinon un régime
mafieux. Faut-il être Premier ministre pour savoir tout
cela?
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Quand on découvre
les pratiques économiques du général telles
que vous les décrivez, on a le sentiment que le Togo
est, au mieux, un État sauvage, sinon un régime
mafieux. Faut-il être Premier ministre pour savoir tout
cela? |
Je puis vous affirmer, avec des exemples précis
à l'appui, que mon récit ne m'a jamais été
révélé par qui que ce soit avant ma prise
de fonction en tant que Premier ministre. Combien sont-ils,
autour du général, à savoir qu'ils sont
tout simplement utilisés pour des objectifs qu'ils ignorent?
A la cour de Louisianais, c'est la loi de silence absolu. Le
Président n'ayant directement affaire qu'à ceux
qui exécutent sa volonté et ses désirs.
Ceux qui ont été utilisés à ses
basses besognes se connaissent, et ils sont incapables d'apporter
le moindre démenti aux dérives dénoncées
dans mon texte. La vérité est que notre pays a
été mis en coupe réglée, victime
d'une prévarication insoupçonnée dans un
pays pauvre, exposé, qui plus est, à de dures
sanctions économiques par la faute de ses dirigeants.
Ma position de chef de gouvernement sans pouvoir de décision,
doublée de ma formation comptable et d'économiste
sachant faire des analyses financières des dossiers économiques,
m'a permis de découvrir l'immensité de cette prévarication.
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|
Ma position de Chef de Gouvernement et ma pratique
de l'analyse financière et comptable m'ont permis de
détecter comment notre pays était en coupe réglée
et victime d'une grande prévarication jamais soupçonnée
dans un pays pauvre, et qui plus est se trouve exposé
à de dures sanctions économiques par la faute
de ses dirigeants. Il est inadmissible que l'argent public fasse
l'objet de gaspillage et serve à acheter des illusions
destinées à tranquilliser le chef, alors que des
millions de familles croupissent dans la misère et le
dénuement total.
(...) |
|
|
|
En des termes très
clairs, vous suggérez que le général ne
se soucie aucunement du sort de la population, puisqu'il refuse
de payer les salaires et les pensions, renonce délibérément
à respecter les engagements les plus élémentaires
de l'État pour faciliter le déblocage des rares
financements auxquels le pays peut encore prétendre.
N'est-ce pas, pour vous et vos camarades qui l'entourent, un
échec personnel de ne même pas pouvoir raisonner
cet homme?
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|
En des termes très
clairs, vous suggérez que le général ne
se soucie aucunement du sort de la population, puisqu'il refuse
de payer les salaires et les pensions, renonce délibérément
à respecter les engagements les plus élémentaires
de l'État pour faciliter le déblocage des rares
financements auxquels le pays peut encore prétendre.
N'est-ce pas, pour vous et vos camarades qui l'entourez, un
échec personnel de ne même pas pouvoir raisonner
cet homme?
|
Oui, c'est un échec pour nous, surtout
pour nos aînés en qui nous avions confiance et
qui ont laissé ce système s'incruster, se développer
dans notre pays, au mépris des intérêts
des travailleurs
Comment peut-on dire aujourd'hui, sans avoir la nausée,
que la toute-puissante caisse nationale de sécurité
sociale ne peut même pas payer les maigres allocations
familiales aux familles démunies, alors qu'au même
moment, le montant cumulé des avances de cette institution
à l'Etat s'élève à plus de 76 milliards
de fracs CFA.
Comment peut-on sacrifier le paiement des retraités et
continuer par accuser la transition, qui n'a duré que
douze mois, d'être à l'origine des difficultés
financières du pays? Ce type de discours poursuit deux
objectifs cyniques: détourner l'attention des Togolais
de la prévarication institutionnelle et décrédibiliser
l'opposition.
(...)
|
|
Je considère que la situation que nous
vivons est de la responsabilité de tous les intellectuels
qui ont apporté leur soutien à ce régime
et qui n'ont pas su à un moment ou un autre par leur
courage s'opposer à certaines dérives, qui à
force de perdurer, constituent la vraie nature du régime.
Je ne rejette pas ma part de responsabilité mais elle
n'a réellement duré que très peu de temps.
Il est donc temps pour tous ceux qui considèrent qu'ils
sont en désaccord avec leur conscience de rejoindre les
forces de progrès pour sauver la République en
danger.
Comment peut on s'accommoder d'un régime qui refuse d'honorer
le paiement régulier des allocations familiales, des
pensions de retraites et de vieillesse par la Caisse de Sécurité
Sociale qui dispose d'une créance qui avoisine les 80
milliards de francs CFA sur l'État et qui est aussi un
grand théâtre de détournement à grande
échelle au profit de la même clique au pouvoir?
Comment avec toute cette manne financière peut-on continuer
de punir les travailleurs, les retraités, la veuve et
l'orphelin et sacrifier l'avenir de toute une jeunesse appelée
à assumer la relève de demain?
Rappelons que la jeunesse est le miroir de l'avenir d'une nation
et je ne crois pas que c'est avec les handicapés sociaux
que le système produit chaque année, que nous
pourrons participer à la grande compétition internationale
à laquelle nous convie la mondialisation de l' économie.
Face à toutes ces affaires scandaleuses autant les unes
que les autres, les travailleurs doivent refuser l'excuse classique
qui consiste à attribuer la responsabilité de
la cessation de paiement des dépenses sociales prioritaires
de l'État à une transition qui n'a duré
que douze mois.
Ce type de discours est un véritable rideau de fumée
savamment entretenu pour discréditer la transition et
ceux qui l'ont incarnée et continuer à faire main
basse sur le fruit du travail collectif de tout un peuple.
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D'autres économistes comme
vous, tel Barry Moussa Barqué, passent pour des personnalités
solides. Comment est-il possible que tout ce monde ait renoncé,
depuis plus de trois décennies, à dire au général
que le monde évolue?
|
|
(...) |
Le système mis en place au Togo est si pervers que
les esprits les plus brillants et les plus avisés finissent
par sombrer dans la médiocrité et l'égoïsme.
Beaucoup de personnes de notre génération et
des générations précédentes sont
victimes d'un syndrome culturel qui diminue leur capacité
de résistance face à l'arbitraire et à
l'injustice.
|
|
(...) |
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|
|
En tant que directeur
général du Port Autonome Lomé, vous avez,
vous aussi, alimenté la pratique maffieuse en livrant
régulièrement une bonne partie de vos recettes
directement au général. Beaucoup disent que le
système fonctionne parce qu'il offre aux responsables
des offices et sociétés d'État l'occasion
de se servir eux-mêmes. Voilà d'ailleurs pourquoi
le régime vous menace de poursuites pour détournements
|
|
En tant que directeur
général du Port Autonome Lomé, vous avez,
vous aussi, alimenté la pratique maffieuse en livrant
régulièrement une bonne partie de vos recettes
directement au général. Beaucoup disent que le
système fonctionne parce qu'il offre aux responsables
des offices et sociétés d'État l'occasion
de se servir eux-mêmes. Voilà d'ailleurs pourquoi
le régime vous menace de poursuites pour détournements
|
Dans notre pays, quand on veut tuer son chien,
on ne manque pas d'arguments. Mes accusateurs ont peut-être
la mémoire courte et font abstraction des travaux que
nous avons réalisés dans des conditions très
difficiles au port, et qui furent appréciés par
nos procureurs d'aujourd'hui. A l'époque où j'ai
pris mes fonctions, les séquelles de la grève
générale illimitée étaient encore
prégnantes sur l'ensemble de l'économie nationale,
notamment sur les activités portuaires. Nous restions
plusieurs mois sans un seul navire à quai. Nous avons,
avec un groupe de cadres très compétents de cette
institution, procédé au diagnostic des forces
et faiblesses de l'entreprise et nous avons bâti un plan
d'urgence de redressement.
Il faut, pour l'histoire, rappeler que la gestion financière
de cette entreprise est assurée par le cabinet allemand
Treu Arbat dont le représentant permanent au port assurait
la direction financière de l'établissement.
Nous étions partis avec un chiffre d'affaires de 3 milliards
de francs CFA pour un résultat net comptable de 3,5 milliards
de perte, fin 1993. Rappelons que les cinq dernières
années qui ont précédé notre prise
de fonction, la perte cumulée du port de Lomé
dépassait la modique somme de 6 milliards. Cela donne
une idée de la situation de l'entreprise et de la qualité
de gestion de mes prédécesseurs, dont un des plus
illustres s'appelle Moussa Barry Barqué, resté
en poste pendant quatorze ans. Au total, mon passage au port
de Lomé a été marqué et reconnu
tant à l'intérieur du Togo qu'à l'extérieur.
Pour ma part j'ai servi la République avec honnêteté
et civisme. Je n'ai jamais donné un centime à
une formation de l'opposition et je souhaiterais qu'on puisse
me porter la contradiction. En revanche, je ne serai pas aussi
tranché avec le parti au pouvoir ainsi qu'avec les hommes
qui l'incarnent.
|
|
Le système mis en place au Togo est si
pervers que les esprits les plus brillants et les plus avisés
finissent par sombrer dans la médiocrité et l'égoïsme.
L'homme c'est aussi des parents attentifs grâce à
l'éducation. Or beaucoup de personnes de notre génération
et des générations précédentes sont
victimes d'un syndrome culturel qui diminue leur capacité
de résistance à l'arbitraire et à l'injustice.
(
)
|
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(...) |
|
Tenant que vous êtes
un pestiféré, le général va pouvoir
vous créditer d'une partie des crimes commis durant la
période de démocratisation, notamment l'assassinat
des manifestants, abattus en 1993 devant les ministres français
et allemand, alors que vous étiez ministre de l'Intérieur.
|
(...) |
|
Il y a un temps pour se taire et un autre pour
parler. L'épisode des évènements de la
place Fréau Jardin dans la vie de la nation a toujours
été pour moi une source de préoccupation
majeure. Tout en m'inclinant devant la mémoire de nos
compatriotes de la liberté, sauvagement emportés
par la folie des hommes, je tiens à éclairer les
consciences sur ma part de vérité dans ce drame
qui a endeuillé le peuple togolais.
En effet, l'opposition avait introduit une demande à
Manifester à l'occasion du passage de deux ministres
allemand et français de la coopération. La manifestation
était prévue devant le Palais des Congrès,
qui faisait office de siège du Parlement de la transition
HCR. Pour des raisons relevant de la sécurité
de nos hôtes, il a été demandé à
l'opposition de transférer la manifestation à
la Place FréauJardin.
Je voudrais ici signaler, que ce 25 Janvier 1993, au moment
où je quittais ma maison pour me rendre au Ministère
de l'Intérieur, j'ai reçu la visite d'un informateur,
qui est aujourd'hui ministre, qui me dit que ça va chauffer
pour l'opposition pendant la manifestation qu'elle projette
d'organiser.
J'ai aussitôt devant mon épouse appelé le
Professeur Gnininvi, Président en exercice du COD2, pour
lui faire part de mes inquiétudes et lui dire que la
manifestation risquait de dégénérer.
Il me répondit que c'est toujours la même chanson;
quand l'opposition veut manifester, le pouvoir trouve toujours
des alibis pour mettre des entraves à son projet. Je
lui ai dit que je ne souhaitais pas voir du sang couler et qu'il
fallait annuler ce rassemblement et au besoin se rendre à
l'Aéroport au moment du départ des ministres étrangers.
Il m'a confirmé son intention de maintenir la manifestation
à la Place Fréau Jardin. Je lui ai dit qu'il portera
la responsabilité de ce qui adviendra car je l'aurai
prévenu.
Enfin, ce que nous craignions arriva.
D'abord je n'ai pas donné des ordres à qui que
ce soit, pour réprimer une manifestation pacifique. Le
Directeur de la Sûreté de l'époque est vivant
et encore en activité, il peut être interrogé.
Le Commissaire Central de la Ville de Lomé est aussi
vivant; on peut le contacter. Déjà au moment des
faits, il a été établi que les armes utilisées
pour cette forfaiture n'appartenaient pas à la police.
En fait, il s'agissait à l'époque, de ce qu'on
appelait la Brigade Rouge, qui existait au sein de la Police
Nationale, qui selon le Commissaire Central de la Ville de Lomé
avait pris les véhicules de la police pour commettre
ce forfait. De qui ont-ils reçu des ordres? Qui a pu
les armer? Autant de questions qui conduisent à la responsabilité
de la hiérarchie militaire d'alors...
Déjà à l'époque, nous avions demandé
une ouverture d'enquête pour situer les responsabilités
et sanctionner le comportement des auteurs de ce crime qui sont
connus. Certains sont morts mais d'autres sont encore vivants,
mais ils ne sont pas faciles à toucher pour plusieurs
raisons que l'Histoire révèlera à la postérité.
J'avais pris à l'époque, pour informer l'opinion
du drame, une position politique pour dire que c'est un policier
du véhicule de prévention qui a reçu de
la foule une balle mortelle.
En fait, l'enquête interne à la police a établi
que c'est suite à une manuvre à l'intérieur
du véhicule de police que le coup mortel est parti pour
atteindre le chauffeur ou son coéquipier. Vous ne pouvez
pas imaginer les conséquences de ces évènements
dans ma vie familiale. Mon père a été frappé
et molesté, ma sur a reçu un faisceau de
poignard sur sa fesse et nos maisons au village ont été
saccagées, détruites et pillées.
Le poids de la condamnation morale et de l'abusive exploitation
politique de certains activistes de mon propre camp m'a causé
beaucoup de peine et de souffrance. C'est un certain Alaza qui
a été le chef de file de ceux qui ont exécuté
cette basse besogne.
Entre la propagande politique et la manipulation, l'Histoire
est rebelle. Voilà ma part de vérité dans
ce drame. Une fois encore, je présente aux parents des
victimes mes condoléances sincères car la réconciliation
avec le peuple ne peut se faire que par un acte de vérité,
de contrition et de repentance.
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|
Vous dénoncez
les tortures infligées par un des fils du chef de l'État
dans un camp militaire, dans le nord du Togo. Reconnaissez-vous
aujourd'hui que ce régime a toujours torturé et
tué ceux que le général pouvait considérer
comme représentant un danger pour lui?
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Vous dénoncez
les tortures infligées par un des fils du chef de l'État
dans un camp militaire, dans le nord du Togo. Reconnaissez-vous
aujourd'hui que ce régime a toujours torturé et
tué ceux que le général pouvait considérer
comme représentant un danger pour lui?
|
Vous connaissez les méthodes de ce régime
autant que moi. Vous savez que la déclaration historique
de Maurice Péré appelant à une réforme
du fonctionnement du Parti a fait beaucoup de victimes.
Sous prétexte que certains jeunes de la localité
de mon compagnon et frère sont soupçonnés
d'avoir écrit un tract invitant les jeunes à soutenir
son initiative réformatrice, ces jeunes ont été
appréhendés et conduits au Camp Landja. Là,
sous le commandement de Ernest Gnassingbé, ils ont reçu
des traitements inhumains et dégradants qui rivalisent
avec les méthodes des bourreaux nazis.
Le journal "La Tribune du Peuple" (hebdomadaire paraissant
à Lomé) a décrit par le menu les différents
types de tortures infligées à ces jeunes. Ces
tortures sont connues sous le nom de "piscine ", "salle
d'attente ", "Boulevard du 13 Janvier", etc.
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|
Vous êtes Togolais et vous connaissez déjà
les méthodes et les pratiques de ce régime autant
que moi. La déclaration historique de Maurice Péré
appelle a une réforme du fonctionnement du Parti ...
En effet, sous prétexte que certains jeunes de la localité
de mon compagnon et frère sont soupçonnés
d'avoir écrit un tract invitant les jeunes à soutenir
l'initiative réformatrice de Monsieur Péré,
ces jeunes furent appréhendés et conduits au Camp
Landja sous le commandement de Ernest Gnassingbé, ils
auraient reçu des traitements inhumains et dégradants
qui n'ont rien à envier aux méthodes nazies. Le
journal "La Tribune du Peuple" a décrit avec
précision les différents types de tortures infligées
à ces jeunes, connus sous le nom de la piscine, la salle
d'attente, le Boulevard du 13 Janvier. Je me réserve
de décrire les scènes de ces différentes
étapes de torture que beaucoup de conscience humaine
ne saurait supporter. |
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Vous passez pour un bon
chrétien et, par certains de vos engagements, pour un
humaniste. Comment peut-on tenir un quart de siècle dans
un tel système?
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Vous passez pour un bon
chrétien et, de par certains de vos engagements, pour
un humaniste. Comment peut-on tenir un quart de siècle
dans un tel système? |
Je crois que beaucoup de nos compatriotes sont
chrétiens. Il faut leur demander comment il ont pu soutenir
ce régime depuis plus de trois décennies. La dictature
se nourrit de la peur et de la compromission. Ceux qui pensent
qu'il y a un autre chemin à suivre pour offrir de meilleures
conditions de vie à nos populations doivent accepter
de souffrir, de tout perdre, et même leur vie. A partir
de ce moment les conditions de l'alternance pourront être
réunies.
(...)
|
|
La foi et les principes humanistes doivent éclairer
la politique, mais souvent l'effet de système, donc la
force de l'idéologie dominante dans les régimes
autocratiques, peut inhiber les réactions saines des
individus. Mais il arrive un moment où ces principes
finissent par triompher grâce à une prise de conscience
collective plus forte et à l'affluence d'un environnement
international plus favorable.
L'individu ne peut pas toujours lutter tout seul contre un système.
Pour autant, on n'abandonne jamais ses convictions profondes.
|
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|
(...) |
|
Vous dites aujourd'hui
choisir le camp du peuple plutôt que celui d'un homme.
Concrètement, vous pensez qu'il ne peut y avoir de salut
pour le peuple togolais qu'en se débarrassant du général
Eyadema. Comment est-ce possible?
|
(...) |
|
La dictature se nourrit de la peur et de la compromission.
Ceux qui pensent qu'il y a un autre chemin à suivre pour
offrir de meilleures conditions de vie à nos populations
doivent en accepter le prix.
Le salut du peuple passe par le départ d' Eyadema, une
réconciliation nationale vraie et sincère faite
de vérité, de repentance et de pardon.
En effet, après la chute du mur de Berlin, le Chef de
l'État a réussi à recouvrer tous les moyens
de contrôle des leviers de commande de l'État;
après la Conférence Nationale, il a continué
de gouverner le pays sans partage comme par le passé
en dépit des dispositions de la Constitution de la IVème
République. Mais face à l'incertitude de l'avenir,
s'est renforcé chez lui le désir d'accumuler des
ressources financières au détriment de la population
et c'est à ce jeu malsain que nous assistons quotidiennement.
Bref, il est difficile de changer un homme qui a pris des habitudes
de plusieurs décennies et de l'amener à épouser
les contours des exigences de la nouvelle politique internationale
fondée sur le respect des droits de l'Homme, la démocratie,
l'état de droit et le respect des deniers publics.
Dans un état de droit, la volonté du Chef de l'État
Ne saurait se substituer à la force de la loi qui protège
tout le monde. N'est pas Saint-Louis qui veut. C'est pourquoi
il est malvenu pour le Chef de l'État de traiter selon
ses humeurs les affaires judiciaires à Lomé II,
où ses positions remplacent les décisions des
tribunaux.
Un Chef d'État qui refuse de respecter la Constitution
et qui prend des libertés excessives avec les deniers
publics se discrédite lui-même aux yeux de ses
concitoyens et aux yeux de la communauté internationale.
Aujourd'hui, les Togolais du nord au sud, de l'est à
l'ouest sont épuisés par les 35 ans de régime
Eyadema et aspirent donc à un changement profond dans
la paix, la sécurité et la concorde nationale.
Les Togolais refusent de se laisser impressionner par le spectre
de la guerre civile, qu'Eyadema agite tout le temps pour justifier
son refus de quitter la scène politique togolaise. Les
Togolais ont compris qu' Eyadema est le seul obstacle à
l'unité nationale, à la réconciliation
entre les Togolais...
Originaires du sud ou du nord, nous avons grandi ensemble sur
les bancs de l'école et de l'Université, fréquenté
les mêmes grandes écoles, nous avons obtenu les
mêmes diplômes, nous vivons dans le même pays
que nous ont légué nos parents dont la bravoure
a permis au Togo de recouvrer son indépendance le 27
Avril 1958. Tout nous rapproche: le passé, le présent
et l'avenir et nous ne devons pas céder au chantage d'Eyadema
qui aujourd'hui se complait à diviser les Togolais de
façon sournoise et à faire de notre pays une affaire
privée et familiale.
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(...) |
|
Que pensez-vous des analyses
qui suggèrent qu'en dehors d'une mort naturelle, seuls
les militaires de sa garde rapprochée peuvent écarter
le général du pouvoir?
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(...) |
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Seul Dieu donne la vie, lui seul peut l'enlever
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(...) |
|
A votre avis, que représentent,
dans le camp du général, ceux disent ne seraient
pas mécontents de le voir partir?
|
(...) |
|
Ceux-là cultivent leur propre champ en
faisant du Président Eyadema un otage. La rançon
de leur fidélité à Eyadema est la liberté
qu'ils ont de faire prospérer leurs activités
mafieuses
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(...) |
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Ce sentiment est-il aussi
important au sein de l'armée?
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Je ne le crois pas car les résultats des
élections présidentielles de 1998 sont là
pour en témoigner: les forces de sécurité
dans leur grande majorité n'avaient pas voté pour
le Chef de l'État.
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N'est-il pas envisageable
que des personnalités qu'il respecte ou craint un peu
puissent tout simplement convaincre le général
de s'en aller de manière pacifique, en 2003, comme l'impose
la Constitution et comme lui-même l'a promis à
Jacques Chirac?
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Eyadema doit se montrer légaliste et respecter
sa parole. Il est fatigué du pouvoir comme lui-même
me l'a dit à plusieurs reprises. Il faut donc que les
courtisans cessent d'envoyer les populations dans la rue pour
supplier Eyadema de rester au pouvoir. Il est dépassé
par les évènements, privé d'une vision
à long terme de l'avenir de notre pays et des moyens
lui permettant de dé crypter les grands enjeux mondiaux.
C'est une tâche qui risque de le surmener comme son ancien
Premier Ministre.
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A votre avis, pourquoi
le général a-t-il tant de mal à envisager
sa vie hors du pouvoir?
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Ca ne regarde que lui. Chacun doit être
responsable de ses choix
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Affaire Maître
Yaovi Agboyibor et les milices de Sendomé
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(...) |
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A l'approche des élections présidentielles
de 1998, Maître Yaovi Agboyibor a publié un communiqué
dans lequel il attribuait l'assassinat d'un de ses militants
dans la préfecture de Yoto a une milice qui se réclamerait
de moi. A l'époque, l'accusateur, Président du
CAR était député à l'Assemblée
Nationale. Trouvant l'accusation grave et sans fondement, parce
que n'ayant pas de milice, j'ai déposé plainte
à la justice pour diffamation.
L'intéressé s'était prévalu de son
immunité parlementaire pour ne pas déférer
aux injonctions du doyen des juges d'instruction qui lui adressa
une convocation pour être entendu. Devant son refus et
face à la position de l'Assemblée Nationale de
ne pas lui retirer son immunité, l'affaire est restée
pendante devant les tribunaux. En mai 1999, Amnesty International
publie son rapport annuel dans lequel il épingle le gouvernement
de s'être livré à des exécutions
extra-judiciaires de plusieurs centaines de personnes civiles
et militaires, dont les corps auraient été nuitamment
jetés dans la mer, avant, pendant et après les
élections présidentielles de 1998.
Indigné par ces graves accusations, le gouvernement diligenta
une enquête internationale sous l'égide de l'ONU
et de l'OUA. La mission devrait conduire les enquêteurs
au Togo, au Bénin, au Ghana, dans les villages des pêcheurs
afin de vérifier les allégations contenues dans
le rapport d' Amnesty International. Il faut souligner que l'histoire
des milices de Sendomé ne figure pas dans le cahier des
charges des enquêteurs de l'ONU et de l'OUA.
Entre-temps, je suis devenu Président de l'Assemblée
Nationale à la suite des élections législatives
de Mars 1999, Me Agboyibor n'étant plus député.
Je n'ai pas jugé utile de réactiver ma plainte
contre lui car à mon avis, son communiqué relevait
d'une manuvre politicienne, dont le but était de
ternir l'image d'un adversaire politique puisque Me Agboyibor
et moi sommes originaires de la même préfecture.
Poursuivant sa hargne contre moi, il fait publier dans le journal
"Le Combat du Peuple", un article intitulé
"les forces armées décidées à
nettoyer dans les écuries." Dans cet article, il
reprenait et amplifiait ses accusations contre moi. J'avais
alors décidé de poursuivre le journal pour diffusion
de fausses informations. J'ai été dissuadé
dans mon initiative par le Président de la haute autorité
de l'Audiovisuel et de la Communication. Le journaliste a publié
plus tard d'autres articles pour démontrer que les problèmes
qui se posaient dans la préfecture de Yoto relevaient
d'une rivalité de leadership entre les ressortissants
de la localité. Lors du séjour des enquêteurs
de la Commission, Me Agboyibor s'est rendu chez Me Abaka, Président
de la Commission avec une copie du journal incriminé
et a motivé ce dernier à se rendre à Sendomé
en violation du mandat de la mission telle que définie
par l'ONU et l'OUA à la Commission d'enquête. Me
Abaka, après son safari dans la préfecture de
Yoto, s'est contenté de reproduire dans le document final
certains extraits du journal selon lesquels le Premier Ministre
disposait d'une milice, qui se livre à des actes odieux
dans le Yoto. Me Abaka n'a pas pris soin de vérifier
auprès d'autres sources ces informations avant de les
consigner dans le rapport final.
En fait, il s'agissait d'une manuvre politique, car certains
leaders de l'opposition, qui ont inspiré le rapport d'Amnesty
International dans le but d'obtenir le soulèvement du
peuple pour chasser Eyadema du pouvoir, se sont rendu compte
au moment du déroulement de l'enquête internationale,
que leur manuvre avait échoué, puisque la
Commission d'enquête internationale avait conclu, qu'il
ne pouvait ni confirmer, ni infirmer les allégations
d'Amnesty International. L'affaire de Sendomé bien que
hors sujet, devenait le point de mire du rapport de la Commission
d'enquête internationale. Le Président Eyadema
et sa cour m'ont fortement encouragé à réactiver
ma plainte.
J'ai utilisé tous les moyens en ma possession pour éviter
ce drame à notre préfecture: les chefs traditionnels,
les cadres de la préfecture, des personnalités
étrangères, notamment l'ancien Ministre de la
Coopération française, les réseaux d'amis,
pour convaincre Me Agboyibor de publier un autre communiqué
pour dire qu'il n'avait pas vérifié l'information
avant de la publier, mais rien n'y fit. Me Agboyibor, avait
d'autres contentieux avec le Président Eyadema, notamment
son envie de lui succéder, et l'occasion fût belle
pour que tout soit mis en oeuvre pour obtenir sa condamnation.
Il faut rappeler qu'au lendemain de son incarcération,
j'ai été convoqué à Lomé
II par le Président Eyadema, qui me dit que je suis jeune,
c'est pour cela que j'ai peur et qu'on lui aurait rapporté
que j'ai déclaré à des gens, que c'est
lui Eyadema, qui a envoyé Me Agboyibor en prison et non
moi. Il faut souligner, que Me Agboyibor a été
victime de ses propres manuvres politiques et qu'il voulait
m'éliminer comme un adversaire politique et que Eyadema
voulait également l'éliminer comme un adversaire
politique.
J'affirme ici, sans risque d'être démenti par qui
que se soit, que je n'ai pas de milice, ni jamais couvert un
acte criminel et que Me Agboyibor peut s'adresser à Eyadema
pour connaître les conditions de sa condamnation et de
son incarcération. J'ai ma conscience tranquille, car
dans cette terrible affaire, Me Agboyibor a voulu se servir
de l'affaire de Sendomé pour m'éclabousser, EYADEMA
s'est servi de moi pour le mettre dans une position de sursis,
quant à son inéligibilité. Voilà
ma part de vérité sur l'affaire Agboyibor et je
puis affirmer ici, que le Président Eyadema a tout mis
en oeuvre pour qu'il soit condamné. La 58ème session
des droits de l'homme de l'ONU ayant classé définitivement
cette affaire pour absence de preuves, il appartient à
Dieu et à l'histoire de rétablir les faits et
de mettre tous les acteurs face à leur propre conscience. |
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www.togo-confidentiel.com
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