|
Voici l'intégralité de l'interview accordé
par l'Ex-Premier ministre de la dictature togolaise à l'édition
du 17 juillet 2002 du journal l'Autre Afrique de son exil parisien.
Comment vivez-vous les commentaires qui suggèrent que
votre acte de bravoure est d'abord un acte de dépit d'un
homme politique qui vient de perdre sa place au bord de la mangeoire?
Il ne saurait en être autrement qu'ainsi car dans la vie
il faut avoir des principes et des convictions qui résistent
à toute forme de séduction matérielle ou politique.
L'acte que j'ai posé le 27 Juin 2002 avant de remettre ma
démission est un acte de rupture avec la politique incarnée
aujourd'hui par le Président EYADEMA, une réponse
aux attentes de la grande majorité des togolais.
Il faut que notre façon de gouverner change, car le monde
de 1963 ou de 1967 n'est pas celui dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Il nous faut réinventer de nouvelles méthodes de gestion
de la cité qui libèrent les énergies, qui récompensent
l'effort et accordent une place au mérite. Il suffit de regarder
autour de nous.
A mon humble avis, les bases de cette politique demeurent la primauté
du droit sur la volonté du prince, la justice sur l'arbitraire,
l'égalité des chances, le respect des droits de l'homme
et de la vie humaine, et la construction d'une démocratie
saine .
Personne ne peut affirmer que la situation socio-politique qui prévaut
au Togo n'est pas un sujet de préoccupation tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de notre pays.
La crise qui secoue le Togo depuis une décennie, et dont
nous connaissons les origines, a plongé les togolais, dans
une situation de précarité et de doutes extrêmes.
Depuis la naissance de la République en 1958 les Togolais
n'ont jamais été confrontés à une si
grande misère matérielle et morale.
La situation de notre pays méritait un électrochoc
assez fort pour une meilleure prise de conscience à tous
les niveaux pour qu'ensemble nous puissions, dans l'amour de la
patrie et dans la paix, opérer les reformes nécessaires
à la libération de notre pays du joug de la misère
et de la pauvreté.
Si l'acte que j'ai posé peut amener des changements quantitatifs
et qualificatifs dans la vie des Togolais, je serais heureux d'avoir
apporté une petite contribution au soulagement des souffrances
de nos populations.
Les pratiques que vous dénoncez aujourd'hui sont, de
l'avis général, très anciennes. La dénonciation
est simplement plus crédible, parce que vous connaissez le
système de l'intérieur. Pourquoi cette prise de conscience
plutôt tardive?
Il n'est jamais trop tard pour bien faire; beaucoup de gens du sérail
prennent pour la malveillance, de la calomnie et de la diffamation
gratuites, les critiques de l'opposition contre le régime.
Au Togo la classe politique a cultivé le mensonge avec un
art consommé à tel point que sur certains sujets,
il est difficile de démêler la part du vrai du faux.
Mais la responsabilité de cette défaillance est à
imputer au pouvoir en place qui au lieu de créer les conditions
d'une éducation civique et politique adéquate, s'est
englué dans le populisme désuet et dans la manipulation
permanente des consciences sur les médias d'État.
Le stalinisme est mort mais ses avatars subsistent malheureusement
encore au Togo.
Mais signalons que ma position de chef de gouvernement m'a permis
de me rendre compte effectivement de l'impuissance du gouvernement
à prendre la moindre initiative car sur la base du modèle
décrit plus haut, tout part du sommet et l'exécution
doit avoir pour unique but de conforter l'image du président
et renforcer sa position et son autorité quoiqu'il en coûte.
Le chef de l'État est très sensible au médias
pour son image. Il commandite les déclarations de dénigrement
de ses adversaires politiques, que les plumitifs de la cour prennent
soin de lui présenter avant leur diffusion.
La grille des programmes de la télévision lui est
régulièrement soumise et il procède à
leurs modifications selon les enjeux du moment, et tout cela le
plus souvent sans l'avis du Ministre de la Communication.
Le Président utilise les services des médias nationaux
et étrangers pour se soigner l'image et pour tenter de détruire
ou de nuire à ses adversaires politiques.
L'épisode de l'article de François Soudan de Jeune
Afrique au lendemain de mon départ du gouvernement est assez
révélateur. Soudan est un habitué du Palais
de Lomé II.
Son intervention sur RFI et l'exploitation honteuse qui en a été
faite sur les médias d'État illustre l'usage que fait
le Président de la République de médias comme
instrument de propagande et de manipulation des consciences. Ma
position de Chef de Gouvernement soucieux de mes prérogatives
constitutionnelles m'a appris à mes dépens l'énorme
supercherie qu'il y avait dans ce régime ou les apparences
l'emportent sur la réalité.
Nous sommes bien dans un régime de parti unique aussi bien
dans l'esprit que dans ses méthodes, ses pratiques, le tout
avec un petit ravalement démocratique de façade. Le
régime fonctionne exactement comme avant la conférence
nationale. Un seul chef, une nation et tout le reste est
accessoire
et factice.
Si la plupart de vos compatriotes saluent votre courage, il
en est aussi qui vous soupçonnent de vouloir à tout
prix succéder au général Eyadéma. Ce
qui reviendrait à expliquer par le calcul politicien votre
audace
Les Togolais et moi-même savons qu'au Togo il y a des ambitions
qu'il ne faut pas avoir, au risque de s'attirer des ennuis politiques
ou de recevoir des menaces de mort ou d'être l'objet d'attentat
ou de voir sa famille séquestrée et prise en otage
et soumise à des traitements inhumains et dégradants.
Sinon, comment comprendre la situation que vit ma famille et surtout
mon épouse Alfreda née Amorin cantonnée à
domicile depuis plusieurs semaines avec interdiction de sortir de
chez elle, son passeport confisqué, les clés de sa
maison, de sa voiture sous contrôle des forces de sécurité?
Les visites si elles ne sont pas interdites, sont soigneusement
filtrées.
C'est l'occasion pour moi de redire aux courtisans zélés
de la cour de Lomé II, et aux plumitifs de la presse écrite,
ainsi qu'à leurs homologues de l'audio visuel, aveuglés
par leur intérêt à court terme, que mon geste
n'avait qu'un seul objectif: relancer le débat politique.
Il vous souvient qu'après l'échec des dernières
négociations du comité paritaire de suivi, le code
électoral a été modifié par l'Assemblée
Nationale et une CENI des juges a été mise en place,
pour conduire le processus électoral.
La position de la communauté internationale notamment de
l'Union Européenne, et de l'opposition a été
claire. La première suspend son financement et la seconde
annonce son refus de participer à un scrutin qui n' offre
aucune garantie de transparence.
Le Président de la République se contentant de multiplier
les manuvres d'épuisement et de division des leaders
de l'opposition alors qu'au même moment les indicateurs économiques
connaissent une dégradation accélérée
précarisant davantage la paupérisation de nos concitoyens
accentuant la précarité des togolais.
Il faut souligner que sans des élections transparentes organisées
sur la base des Accords-cadre de Lomé il n'y aura pas de
reprise économique des relations de coopération avec
l'Union Européenne et la communauté des bailleurs
de fonds.
C'est dans ce contexte d'horizon bouché et de désespoir
collectif, que survint la déclaration de l'honorable Maurice
Péré, qui fut comme une lumière qui jaillit
des ténèbres.
Elle provoqua au sein du parti autant de surprise que de commentaires
et surtout des supputations. Nous attendions que des mesures idoines
soient prises pour conjurer le spectre du malheur qui se profilait
à l'horizon pour notre pays.
Malheureusement, l'appel à des réformes urgentes au
niveau du parti s'est heurté à l'intolérance
des adeptes de la pensée unique et des idéologues
staliniens.
Maurice a subi les pires humiliations indignes d'un ancien Président
de l'Assemblée Nationale, que la pudeur m'interdit de raconter
dans vos colonnes.
Très rapidement, des esprits malveillants ont tenté
de trouver dans ce document des passages que j'aurais écrits
ou inspirés, tout comme si tous les problèmes que
l'honorable a évoqués ne relevaient pas du vécu
quotidien de nos compatriotes. Il n'y a que ceux qui ne connaissent
pas Maurice qui peuvent croire à cette imposture. Plus tard
il a été décidé d'envoyer à l'honorable
une lettre mise au point, qui n'est qu'un tissu d'insultes et d'agression
morale.
Mon refus de signer la mise au point maladroite et inappropriée
destinée à remettre "le député
prétentieux" à sa place a été
à l'origine de toutes les cabales dont j'ai été
victime et j'assume .
Maintenant que j'ai décidé de rendre le tablier et
que je publie "Il est temps d'espérer" ,
certains y voient la main des opposants et notamment celle de Gilchrist
Olympio. Faut il rappeler que Mr Tchowou de la Chambre de Commerce
avait dans une lettre envoyée au Chef de l'État, fait
part de ses inquiétudes sur les dérives suicidaires
du régime? On a trouvé une main invisible et Mr Péré
a été accusé d'être l'auteur présumé
de cette correspondance. J'écris un document qui pourrait
être intitulé: les raisons d'une démission où
il est temps d'espérer, on y voit tout de suite la main de
Gilchrist Olympio. Quand ce dernier publiera peut-être sa
vision du Togo de demain, on attribuera le document à son
père outre tombe puisqu'il continue de troubler le sommeil
de certains. Allons, un peu de sérieux et un peu de moralité
dans la conduite des affaires de la nation.
Aviez-vous conscience de risquer votre vie en attaquant aussi
frontalement le général?
La cause que je défends est juste et je me sens protégé
par le Saint-Esprit. C'est grâce à la bonté
infinie de DIEU que je suis encore en vie. J'ai dû quitter
le Togo parce que j'étais activement recherché par
les forces de sécurité du Président Eyadema
pour une séance d'explication de ma déclaration, dont
on peut aisément deviner les conséquences fâcheuses
pour mon intégrité physique.
D'ailleurs, le contenu de ce document testament a été
implicitement reconnu par le régime, dans la mesure où
elle n'a bénéficié d'aucune explication crédible
jusqu'à ce jour pour rassurer les populations et démontrer
qu'il ne s'agit là que des élucubrations d'un serviteur
zélé, aux abois et de surcroît surmené
. Au contraire, le régime s'enfonce davantage dans la déchéance
en n'ayant que pour seule justification l'organisation des marches
de soutien à coup de millions, pour tenter de redresser une
image abîmée et dévalorisée du Chef de
l'État et du régime qu'il incarne. Il n'y a plus de
retenue ni de moralité, même dans les médias
officiels qui sont mis à contribution pour vilipender l'ex-Chef
de Gouvernement et pour crier à la trahison. Entre celui
qui montre les dérives d'un système et celui qui trahit
le suffrage populaire, qui est coupable?
Enfin je voudrais ici exprimer toute ma gratitude aux forces de
sécurité qui, ayant investi le lieu du culte où
je me trouvais, m'ont aidé à me protéger avant
d'organiser ma sortie du territoire national afin de préserver
ma vie.
Votre texte vient après celui d'un député,
ancien président de l'Assemblée nationale. Faut-il
comprendre que le général commence à devenir
un problème pour ses propres partisans?
Le Général Eyadema a fait ce qu'il a pu pour notre
pays. L'environnement international marqué par la période
de la guerre froide y a énormément contribué.
Cette conjoncture internationale a favorisé l'alliance avec
l'Occident, dont le soutien a été un élément
déterminant avant la chute du mur de Berlin. Aujourd'hui
la donne internationale a changé. Seulement, Eyadema, lui,
refuse de changer. Pas question pour lui de se départir des
adages abracadabrantesques qui constituent les fondements vulgaires
de ses méthodes arriérées de gouvernement.
Pas question de s'adapter aux nouvelles exigences de l'économie
néo-libérale fondée sur la démocratie,
le respect des droits de l'homme et la bonne gouvernance.
Depuis mon opposition de donner mon aval au document contre-productif
en guise de réponse à l'analyse pertinente de M. Péré,
je fus soumis à toutes sortes de vexations et à des
cabales de tout genre par les courtisans hostiles à ma personne
et à mes fonctions de Premier ministre, soutenus dans leurs
basses manuvres par le Chef de l'État. Au fait, tous
ceux qui ont signé la mise au point n'y croient pas, car
des membres du gouvernement, membres du Comité Central, signataires
de la mise au point du Parti à la déclaration de Mr
Péré, m'ont confié qu'ils n'avaient pas d'autre
choix que de signer car on ne peut rien refuser à Eyadema
qui est un Hitler tropical.
L'histoire leur donne raison puisque pour avoir osé dire
non à Eyadema, pour avoir eu le courage de révéler
les dysfonctionnements du régime, je suis aujourd'hui l'objet
de trois plaintes: celles du père, du fils et du neveu. Peut-être
demain, ce sera celle de la fille. Le père de la nation et
du colonel Gnassingé Ernest dépose plainte contre
moi pour atteinte à son honneur, le fils colonel de son état
pour diffamation, le neveu, directeur général du Port
pour mauvaise gestion. Au Togo d'Eyadema le ridicule ne tue pas.
Voila un serviteur du peuple qui, se trouvant dans l'impossibilité
de traduire dans les faits sa déclaration de politique générale
adoptée à l'unanimité par l'Assemblée
Nationale, et qui assiste quotidiennement impuissant face à
certaines pratiques qui renforcent la misère et la déchéance
morale et intellectuelle d'un peuple qui ne cherche qu'à
s'épanouir et à apporter sa contribution à
la nouvelle civilisation universelle qui se construit, décide
de jeter l'éponge et appelle à une nouvelle méthode
de gestion de la cité afin de sauver un pays à la
dérive. Le Président de la République n'a trouvé
rien de mieux à faire que de porter plainte contre lui pour
atteinte à son honneur.
Le Colonel Gnassingbé, dont les pratiques en terme de violation
des droits de l'homme sont connues, menace d'exécuter le
Premier Ministre, jette le journaliste qui a fait écho de
l'information en prison; son père suborne les témoins
et fait porter plainte contre le serviteur menacé de mort.
Faut il rappeler que cet officier dont le nom a été
cite par la FIDH dans l'attentat de Soudou contre Gilchrist Olympio,
n'a jamais été entendu par la justice? Il réclame
aujourd'hui, que son honneur soit lavé parce qu'il aurait
été diffamé.
Sur un autre registre, c'est le nouveau Directeur Général
du Port, neveu du Président de la République, qui
découvre subitement, trois ans après le départ
de son prédécesseur, que celui-ci aurait fait de la
mauvaise gestion; il lui a été demandé de formuler
une plainte contre son prédécesseur après son
départ de la Primature, alors qu'au même moment on
observe des soustractions quotidiennes des caisses du Port, d'énormes
sommes destinées à alimenter le trésor de guerre
du Président de la République et que le Ministre de
la Défense continue d'écumer les sociétés
d'État, notamment le Port, en leur adressant des courriers
estampillés "secret défense" sans que le
Président de la République ne soit apparemment tenu
informé
L'Office Togolais des Phosphates, qui a connu une gestion artisanale
qui l'a conduit à la faillite réelle, ne semble faire
l'objet d'aucune préoccupation par les vertueux de la République.
Quelques chiffres permettent de comprendre la gigantesque prévarication
et de détournement organisé de fonds publics par une
bande de hors la loi: Le passif exigible à la veille de la
privatisation, 80 milliards de francs CFA, résultat net comptable
fin exercice 2000, se chiffre par une perte historique de plus de
11 Milliards avec un achat de matériel d'exploitation facturé
à plus 9 milliards alors que le prix d'achat effectif de
cet engin d'occasion n'est que de 250 millions de francs CFA; un
contrat de complaisance avec l'entreprise UDECTO dont on connaît
les liens avec le pouvoir de près de 5 Milliards de francs
CFA pour des travaux de remblai, sans oublier les graves abus de
biens sociaux.
Toute cette grande entreprise de concussion avec les mêmes
réseaux s'est déroulée dans le silence et dans
le mépris total des organes de contrôles institutionnels
et personne ne trouve rien à dire, sinon de promouvoir à
la Présidence de la Commission de privatisation, l'auteur
présumé de ce gangstérisme jamais connu dans
l'histoire du Togo.
En ce qui me concerne, en dehors de toute la haine que me voue la
bande à Eyadema, je voudrais simplement rappeler qu'à
mon époque à la direction du Port nous étions
constamment cités comme un modèle de gestion et notre
passage dans cette entreprise laisse dans l'histoire des témoignages
de notre contribution au rayonnement de cette institution et au
renforcement de sa capacité à relever les défis
du futur. Nous avons été félicités par
tous les organes de contrôle qui nous ont délivré
le quitus de bonne gestion.
Les gesticulations d'un pouvoir préoccupé par la défense
de ses acquis personnels au mépris de la grande misère
du peuple n'y peuvent rien changer.
Est-ce vrai que le général était au courant
de l'existence de votre texte depuis plusieurs semaines, ce qui
expliquerait pourquoi il a tardé à vous démettre,
alors que votre fronde remontait à plusieurs mois déjà?
Je connais très bien le Président Eyadema, s'il avait
eu vent de mon initiative de rendre public mon document, il aurait
déployé toutes les énergies du monde pour m'en
empêcher. Tous ont été pris de court, d'où
la panique dans leurs rangs et la seule parade dont ils disposent
est de me diaboliser. Le peuple sait que j'ai raison et tous leurs
propres fantasmes et travers qu'ils m'attribuent sur les médias
ne changeront rien à la situation. Il faut savoir se retirer
du pouvoir à temps pour ne pas le contraindre à vous
abandonner dans des conditions déshonorantes.
Vous avez rendu votre texte public en étant encore sur
le territoire togolais. Cela signifierait-il que Eyadéma
ne fait plus peur?
J'étais disposé à répondre devant n'importe
quelle juridiction à toutes les questions qui me seraient
posées sur le contenu de mon document "Il est temps
d'espérer". Le document a été rendu public
le 27 juin mais mon départ contraint du Togo s'est effectué
le 30 juin 2002. J'étais prêt à assumer mon
acte. Je n'ai peur de personne, j'ai fait mon devoir de citoyen
et de chrétien. J'ai foi dans la grande miséricorde
divine qui m'a montré le chemin de la charité, de
l'amour du prochain et de la vérité.
Quand on découvre les pratiques économiques du
général telles que vous les décrivez, on a
le sentiment que le Togo est, au mieux, un État sauvage,
sinon un régime mafieux. Faut-il être Premier ministre
pour savoir tout cela?
Ma position de Chef de Gouvernement et ma pratique de l'analyse
financière et comptable m'ont permis de détecter comment
notre pays était en coupe réglée et victime
d'une grande prévarication jamais soupçonnée
dans un pays pauvre, et qui plus est se trouve exposé à
de dures sanctions économiques par la faute de ses dirigeants.
Il est inadmissible que l'argent public fasse l'objet de gaspillage
et serve à acheter des illusions destinées à
tranquilliser le chef, alors que des millions de familles croupissent
dans la misère et le dénuement total.
En des termes très clairs, vous suggérez que le
général ne se soucie aucunement du sort de la population,
puisqu'il refuse de payer les salaires et les pensions, renonce
délibérément à respecter les engagements
les plus élémentaires de l'État pour faciliter
le déblocage des rares financements auxquels le pays peut
encore prétendre. N'est-ce pas, pour vous et vos camarades
qui l'entourez, un échec personnel de ne même pas pouvoir
raisonner cet homme?
Je considère que la situation que nous vivons est de la responsabilité
de tous les intellectuels qui ont apporté leur soutien à
ce régime et qui n'ont pas su à un moment ou un autre
par leur courage s'opposer à certaines dérives, qui
à force de perdurer, constituent la vraie nature du régime.
Je ne rejette pas ma part de responsabilité mais elle n'a
réellement duré que très peu de temps. Il est
donc temps pour tous ceux qui considèrent qu'ils sont en
désaccord avec leur conscience de rejoindre les forces de
progrès pour sauver la République en danger.
Comment peut on s'accommoder d'un régime qui refuse d'honorer
le paiement régulier des allocations familiales, des pensions
de retraites et de vieillesse par la Caisse de Sécurité
Sociale qui dispose d'une créance qui avoisine les 80 milliards
de francs CFA sur l'État et qui est aussi un grand théâtre
de détournement à grande échelle au profit
de la même clique au pouvoir?
Comment avec toute cette manne financière peut-on continuer
de punir les travailleurs, les retraités, la veuve et l'orphelin
et sacrifier l'avenir de toute une jeunesse appelée à
assumer la relève de demain?
Rappelons que la jeunesse est le miroir de l'avenir d'une nation
et je ne crois pas que c'est avec les handicapés sociaux
que le système produit chaque année, que nous pourrons
participer à la grande compétition internationale
à laquelle nous convie la mondialisation de l' économie.
Face à toutes ces affaires scandaleuses autant les unes que
les autres, les travailleurs doivent refuser l'excuse classique
qui consiste à attribuer la responsabilité de la cessation
de paiement des dépenses sociales prioritaires de l'État
à une transition qui n'a duré que douze mois.
Ce type de discours est un véritable rideau de fumée
savamment entretenu pour discréditer la transition et ceux
qui l'ont incarnée et continuer à faire main basse
sur le fruit du travail collectif de tout un peuple.
En tant que directeur général du Port Autonome
Lomé, vous avez, vous aussi, alimenté la pratique
maffieuse en livrant régulièrement une bonne partie
de vos recettes directement au général. Beaucoup disent
que le système fonctionne parce qu'il offre aux responsables
des offices et sociétés d'État l'occasion de
se servir eux-mêmes. Voilà d'ailleurs pourquoi le régime
vous menace de poursuites pour détournements
Le système mis en place au Togo est si pervers que les esprits
les plus brillants et les plus avisés finissent par sombrer
dans la médiocrité et l'égoïsme. L'homme
c'est aussi des parents attentifs grâce à l'éducation.
Or beaucoup de personnes de notre génération et des
générations précédentes sont victimes
d'un syndrome culturel qui diminue leur capacité de résistance
à l'arbitraire et à l'injustice.
(
) Tenant que vous êtes un pestiféré,
le général va pouvoir vous créditer d'une partie
des crimes commis durant la période de démocratisation,
notamment l'assassinat des manifestants, abattus en 1993 devant
les ministres français et allemand, alors que vous étiez
ministre de l'Intérieur.
Il y a un temps pour se taire et un autre pour parler. L'épisode
des évènements de la place Fréau Jardin dans
la vie de la nation a toujours été pour moi une source
de préoccupation majeure.
Tout en m'inclinant devant la mémoire de nos compatriotes
de la liberté, sauvagement emportés par la folie des
hommes, je tiens à éclairer les consciences sur ma
part de vérité dans ce drame qui a endeuillé
le peuple togolais.
En effet, l'opposition avait introduit une demande à Manifester
à l'occasion du passage de deux ministres allemand et français
de la coopération. La manifestation était prévue
devant le Palais des Congrès, qui faisait office de siège
du Parlement de la transition HCR. Pour des raisons relevant de
la sécurité de nos hôtes, il a été
demandé à l'opposition de transférer la manifestation
à la Place FréauJardin.
Je voudrais ici signaler, que ce 25 Janvier 1993, au moment où
je quittais ma maison pour me rendre au Ministère de l'Intérieur,
j'ai reçu la visite d'un informateur, qui est aujourd'hui
ministre, qui me dit que ça va chauffer pour l'opposition
pendant la manifestation qu'elle projette d'organiser.
J'ai aussitôt devant mon épouse appelé le Professeur
Gnininvi, Président en exercice du COD2, pour lui faire part
de mes inquiétudes et lui dire que la manifestation risquait
de dégénérer.
Il me répondit que c'est toujours la même chanson;
quand l'opposition veut manifester, le pouvoir trouve toujours des
alibis pour mettre des entraves à son projet. Je lui ai dit
que je ne souhaitais pas voir du sang couler et qu'il fallait annuler
ce rassemblement et au besoin se rendre à l'Aéroport
au moment du départ des ministres étrangers.
Il m'a confirmé son intention de maintenir la manifestation
à la Place Fréau Jardin. Je lui ai dit qu'il portera
la responsabilité de ce qui adviendra car je l'aurai prévenu.
Enfin, ce que nous craignions arriva.
D'abord je n'ai pas donné des ordres à qui que ce
soit, pour réprimer une manifestation pacifique. Le Directeur
de la Sûreté de l'époque est vivant et encore
en activité, il peut être interrogé. Le Commissaire
Central de la Ville de Lomé est aussi vivant; on peut le
contacter. Déjà au moment des faits, il a été
établi que les armes utilisées pour cette forfaiture
n'appartenaient pas à la police.
En fait, il s'agissait à l'époque, de ce qu'on appelait
la Brigade Rouge, qui existait au sein de la Police Nationale, qui
selon le Commissaire Central de la Ville de Lomé avait pris
les véhicules de la police pour commettre ce forfait. De
qui ont-ils reçu des ordres? Qui a pu les armer? Autant de
questions qui conduisent à la responsabilité de la
hiérarchie militaire d'alors...
Déjà à l'époque, nous avions demandé
une ouverture d'enquête pour situer les responsabilités
et sanctionner le comportement des auteurs de ce crime qui sont
connus. Certains sont morts mais d'autres sont encore vivants, mais
ils ne sont pas faciles à toucher pour plusieurs raisons
que l'Histoire révèlera à la postérité.
J'avais pris à l'époque, pour informer l'opinion du
drame, une position politique pour dire que c'est un policier du
véhicule de prévention qui a reçu de la foule
une balle mortelle.
En fait, l'enquête interne à la police a établi
que c'est suite à une manuvre à l'intérieur
du véhicule de police que le coup mortel est parti pour atteindre
le chauffeur ou son coéquipier. Vous ne pouvez pas imaginer
les conséquences de ces évènements dans ma
vie familiale. Mon père a été frappé
et molesté, ma sur a reçu un faisceau de poignard
sur sa fesse et nos maisons au village ont été saccagées,
détruites et pillées.
Le poids de la condamnation morale et de l'abusive exploitation
politique de certains activistes de mon propre camp m'a causé
beaucoup de peine et de souffrance. C'est un certain Alaza qui a
été le chef de file de ceux qui ont exécuté
cette basse besogne.
Entre la propagande politique et la manipulation, l'Histoire est
rebelle. Voilà ma part de vérité dans ce drame.
Une fois encore, je présente aux parents des victimes mes
condoléances sincères car la réconciliation
avec le peuple ne peut se faire que par un acte de vérité,
de contrition et de repentance.
Vous dénoncez les tortures infligées par un des
fils du chef de l'État dans un camp militaire, dans le nord
du Togo. Reconnaissez-vous aujourd'hui que ce régime a toujours
torturé et tué ceux que le général pouvait
considérer comme représentant un danger pour lui?
Vous êtes Togolais et vous connaissez déjà
les méthodes et les pratiques de ce régime autant
que moi. La déclaration historique de Maurice Péré
appelle a une réforme du fonctionnement du Parti...
En effet, sous prétexte que certains jeunes de la localité
de mon compagnon et frère sont soupçonnés d'avoir
écrit un tract invitant les jeunes à soutenir l'initiative
réformatrice de Monsieur Péré, ces jeunes furent
appréhendés et conduits au Camp Landja sous le commandement
de Ernest Gnassingbé, ils auraient reçu des traitements
inhumains et dégradants qui n'ont rien à envier aux
méthodes nazies. Le journal "La Tribune du Peuple"
a décrit avec précision les différents types
de tortures infligées à ces jeunes, connus sous le
nom de la piscine, la salle d'attente, le Boulevard du 13 Janvier.
Je me réserve de décrire les scènes de ces
différentes étapes de torture que beaucoup de conscience
humaine ne saurait supporter.
Vous passez pour un bon chrétien et, de par certains
de vos engagements, pour un humaniste. Comment peut-on tenir un
quart de siècle dans un tel système?
La foi et les principes humanistes doivent éclairer la politique,
mais souvent l'effet de système, donc la force de l'idéologie
dominante dans les régimes autocratiques, peut inhiber les
réactions saines des individus. Mais il arrive un moment
où ces principes finissent par triompher grâce à
une prise de conscience collective plus forte et à l'affluence
d'un environnement international plus favorable. L'individu ne peut
pas toujours lutter tout seul contre un système. Pour autant,
on n'abandonne jamais ses convictions profondes.
Vous dites aujourd'hui choisir le camp du peuple plutôt
que celui d'un homme. Concrètement, vous pensez qu'il ne
peut y avoir de salut pour le peuple togolais qu'en se débarrassant
du général Eyadema. Comment est-ce possible?
La dictature se nourrit de la peur et de la compromission. Ceux
qui pensent qu'il y a un autre chemin à suivre pour offrir
de meilleures conditions de vie à nos populations doivent
en accepter le prix.
Le salut du peuple passe par le départ d' Eyadema, une réconciliation
nationale vraie et sincère faite de vérité,
de repentance et de pardon.
En effet, après la chute du mur de Berlin, le Chef de l'État
a réussi à recouvrer tous les moyens de contrôle
des leviers de commande de l'État; après la Conférence
Nationale, il a continué de gouverner le pays sans partage
comme par le passé en dépit des dispositions de la
Constitution de la IVème République. Mais face à
l'incertitude de l'avenir, s'est renforcé chez lui le désir
d'accumuler des ressources financières au détriment
de la population et c'est à ce jeu malsain que nous assistons
quotidiennement.
Bref, il est difficile de changer un homme qui a pris des habitudes
de plusieurs décennies et de l'amener à épouser
les contours des exigences de la nouvelle politique internationale
fondée sur le respect des droits de l'Homme, la démocratie,
l'état de droit et le respect des deniers publics.
Dans un état de droit, la volonté du Chef de l'État
Ne saurait se substituer à la force de la loi qui protège
tout le monde. N'est pas Saint-Louis qui veut. C'est pourquoi il
est malvenu pour le Chef de l'État de traiter selon ses humeurs
les affaires judiciaires à Lomé II, où ses
positions remplacent les décisions des tribunaux.
Un Chef d'État qui refuse de respecter la Constitution et
qui prend des libertés excessives avec les deniers publics
se discrédite lui-même aux yeux de ses concitoyens
et aux yeux de la communauté internationale. Aujourd'hui,
les Togolais du nord au sud, de l'est à l'ouest sont épuisés
par les 35 ans de régime Eyadema et aspirent donc à
un changement profond dans la paix, la sécurité et
la concorde nationale. Les Togolais refusent de se laisser impressionner
par le spectre de la guerre civile, qu'Eyadema agite tout le temps
pour justifier son refus de quitter la scène politique togolaise.
Les Togolais ont compris qu' Eyadema est le seul obstacle à
l'unité nationale, à la réconciliation entre
les Togolais...
Originaires du sud ou du nord, nous avons grandi ensemble sur les
bancs de l'école et de l'Université, fréquenté
les mêmes grandes écoles, nous avons obtenu les mêmes
diplômes, nous vivons dans le même pays que nous ont
légué nos parents dont la bravoure a permis au Togo
de recouvrer son indépendance le 27 Avril 1958. Tout nous
rapproche: le passé, le présent et l'avenir et nous
ne devons pas céder au chantage d'Eyadema qui aujourd'hui
se complait à diviser les Togolais de façon sournoise
et à faire de notre pays une affaire privée et familiale.
Que pensez-vous des analyses qui suggèrent qu'en dehors
d'une mort naturelle, seuls les militaires de sa garde rapprochée
peuvent écarter le général du pouvoir?
Seul Dieu donne la vie, lui seul peut l'enlever
A votre avis, que représentent, dans le camp du général,
ceux disent ne seraient pas mécontents de le voir partir?
Ceux-là cultivent leur propre champ en faisant du Président
Eyadema un otage. La rançon de leur fidélité
à Eyadema est la liberté qu'ils ont de faire prospérer
leurs activités mafieuses
Ce sentiment est-il aussi important au sein de l'armée?
Je ne le crois pas car les résultats des élections
présidentielles de 1998 sont là pour en témoigner:
les forces de sécurité dans leur grande majorité
n'avaient pas voté pour le Chef de l'État.
N'est-il pas envisageable que des personnalités qu'il
respecte ou craint un peu puissent tout simplement convaincre le
général de s'en aller de manière pacifique,
en 2003, comme l'impose la Constitution et comme lui-même
l'a promis à Jacques Chirac?
Eyadema doit se montrer légaliste et respecter sa parole.
Il est fatigué du pouvoir comme lui-même me l'a dit
à plusieurs reprises. Il faut donc que les courtisans cessent
d'envoyer les populations dans la rue pour supplier Eyadema de rester
au pouvoir. Il est dépassé par les évènements,
privé d'une vision à long terme de l'avenir de notre
pays et des moyens lui permettant de dé crypter les grands
enjeux mondiaux. C'est une tâche qui risque de le surmener
comme son ancien Premier Ministre.
A votre avis, pourquoi le général a-t-il tant
de mal à envisager sa vie hors du pouvoir?
Ca ne regarde que lui. Chacun doit être responsable de ses
choix
Affaire Maître Yaovi Agboyibor et les milices de Sendomé
A l'approche des élections présidentielles de 1998,
Maître Yaovi Agboyibor a publié un communiqué
dans lequel il attribuait l'assassinat d'un de ses militants dans
la préfecture de Yoto a une milice qui se réclamerait
de moi. A l'époque, l'accusateur, Président du CAR
était député à l'Assemblée Nationale.
Trouvant l'accusation grave et sans fondement, parce que n'ayant
pas de milice, j'ai déposé plainte à la justice
pour diffamation.
L'intéressé s'était prévalu de son immunité
parlementaire pour ne pas déférer aux injonctions
du doyen des juges d'instruction qui lui adressa une convocation
pour être entendu. Devant son refus et face à la position
de l'Assemblée Nationale de ne pas lui retirer son immunité,
l'affaire est restée pendante devant les tribunaux.
En mai 1999, Amnesty International publie son rapport annuel dans
lequel il épingle le gouvernement de s'être livré
à des exécutions extra-judiciaires de plusieurs centaines
de personnes civiles et militaires, dont les corps auraient été
nuitamment jetés dans la mer, avant, pendant et après
les élections présidentielles de 1998.
Indigné par ces graves accusations, le gouvernement diligenta
une enquête internationale sous l'égide de l'ONU et
de l'OUA. La mission devrait conduire les enquêteurs au Togo,
au Bénin, au Ghana, dans les villages des pêcheurs
afin de vérifier les allégations contenues dans le
rapport d' Amnesty International. Il faut souligner que l'histoire
des milices de Sendomé ne figure pas dans le cahier des charges
des enquêteurs de l'ONU et de l'OUA.
Entre-temps, je suis devenu Président de l'Assemblée
Nationale à la suite des élections législatives
de Mars 1999, Me Agboyibor n'étant plus député.
Je n'ai pas jugé utile de réactiver ma plainte contre
lui car à mon avis, son communiqué relevait d'une
manuvre politicienne, dont le but était de ternir l'image
d'un adversaire politique puisque Me Agboyibor et moi sommes originaires
de la même préfecture.
Poursuivant sa hargne contre moi, il fait publier dans le journal
"Le Combat du Peuple", un article intitulé "les
forces armées décidées à nettoyer dans
les écuries." Dans cet article, il reprenait et amplifiait
ses accusations contre moi. J'avais alors décidé de
poursuivre le journal pour diffusion de fausses informations. J'ai
été dissuadé dans mon initiative par le Président
de la haute autorité de l'Audiovisuel et de la Communication.
Le journaliste a publié plus tard d'autres articles pour
démontrer que les problèmes qui se posaient dans la
préfecture de Yoto relevaient d'une rivalité de leadership
entre les ressortissants de la localité. Lors du séjour
des enquêteurs de la Commission, Me Agboyibor s'est rendu
chez Me Abaka, Président de la Commission avec une copie
du journal incriminé et a motivé ce dernier à
se rendre à Sendomé en violation du mandat de la mission
telle que définie par l'ONU et l'OUA à la Commission
d'enquête. Me Abaka, après son safari dans la préfecture
de Yoto, s'est contenté de reproduire dans le document final
certains extraits du journal selon lesquels le Premier Ministre
disposait d'une milice, qui se livre à des actes odieux dans
le Yoto. Me Abaka n'a pas pris soin de vérifier auprès
d'autres sources ces informations avant de les consigner dans le
rapport final.
En fait, il s'agissait d'une manuvre politique, car certains
leaders de l'opposition, qui ont inspiré le rapport d'Amnesty
International dans le but d'obtenir le soulèvement du peuple
pour chasser Eyadema du pouvoir, se sont rendu compte au moment
du déroulement de l'enquête internationale, que leur
manuvre avait échoué, puisque la Commission
d'enquête internationale avait conclu, qu'il ne pouvait ni
confirmer, ni infirmer les allégations d'Amnesty International.
L'affaire de Sendomé bien que hors sujet, devenait le point
de mire du rapport de la Commission d'enquête internationale.
Le Président Eyadema et sa cour m'ont fortement encouragé
à réactiver ma plainte.
J'ai utilisé tous les moyens en ma possession pour éviter
ce drame à notre préfecture: les chefs traditionnels,
les cadres de la préfecture, des personnalités étrangères,
notamment l'ancien Ministre de la Coopération française,
les réseaux d'amis, pour convaincre Me Agboyibor de publier
un autre communiqué pour dire qu'il n'avait pas vérifié
l'information avant de la publier, mais rien n'y fit. Me Agboyibor,
avait d'autres contentieux avec le Président Eyadema, notamment
son envie de lui succéder, et l'occasion fût belle
pour que tout soit mis en oeuvre pour obtenir sa condamnation. Il
faut rappeler qu'au lendemain de son incarcération, j'ai
été convoqué à Lomé II par le
Président Eyadema, qui me dit que je suis jeune, c'est pour
cela que j'ai peur et qu'on lui aurait rapporté que j'ai
déclaré à des gens, que c'est lui Eyadema,
qui a envoyé Me Agboyibor en prison et non moi. Il faut souligner,
que Me Agboyibor a été victime de ses propres manuvres
politiques et qu'il voulait m'éliminer comme un adversaire
politique et que Eyadema voulait également l'éliminer
comme un adversaire politique.
J'affirme ici, sans risque d'être démenti par qui que
se soit, que je n'ai pas de milice, ni jamais couvert un acte criminel
et que Me Agboyibor peut s'adresser à Eyadema pour connaître
les conditions de sa condamnation et de son incarcération.
J'ai ma conscience tranquille, car dans cette terrible affaire,
Me Agboyibor a voulu se servir de l'affaire de Sendomé pour
m'éclabousser, EYADEMA s'est servi de moi pour le mettre
dans une position de sursis, quant à son inéligibilité.
Voilà ma part de vérité sur l'affaire Agboyibor
et je puis affirmer ici, que le Président Eyadema a tout
mis en oeuvre pour qu'il soit condamné.
La 58ème session des droits de l'homme de l'ONU ayant classé
définitivement cette affaire pour absence de preuves, il
appartient à Dieu et à l'histoire de rétablir
les faits et de mettre tous les acteurs face à leur propre
conscience.
|
|
|
|
|
|
Journal l'Autre
Afrique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
réagir à
cet article
|
|
|
|
|
|
|
|
|