Belgique, 6 avril 2002: Les élections qu'on nous
avait promises pour le 10 mars 2002 sont reportées, purement
et simplement. Au moment où nous mettons sous presse cet
article, aucune date n'est fixée pour la reprise éventuelle
de ce processus. L'EXILÉ, quant à lui, a toujours
mis en garde contre le piège électoraliste mis en
avant, depuis une décennie par les partis de l'opposition
(CAR, CPP, UFC, CDPA, PDR). Et il a toujours dénoncé
ce processus aux résultats si calamiteux. Tout cela nous
laisse indifférents, de même que les fausses querelles
que les deux clans rivaux (l'autocratie et son opposition) essaient
d'entretenir en jetant la responsabilité l'un sur l'autre.
Sans doute attendent-ils tous, les résultats des élections
françaises pour bouger à nouveau. Ceci démontre
amplement qu'ils ne conçoivent leur "démocratie"
que liée à l'extérieur et particulièrement
à la France. Car, ce sont avant tout des agents de l'impérialisme
français.
Pendant tout ce temps, le peuple, de plus en plus désillusionné,
exprime chaque jour plus ouvertement sa colère et sa défiance.
C'est ainsi que ces derniers temps, face à la grogne de la
population de Bè (l'un des quartiers populaires de Lomé)
notamment qui n'a pas hésité à manifester et
à affronter les forces de répression qui avaient entamé
une vaste campagne d'arrestations de motocyclistes sans casque.
C'est moins contre le port du casque que les masses se sont révoltées:
c'était pour elles l'occasion de s'opposer à l'arbitraire
gouvernemental. La preuve, les explications que l'on donnait de
cette vague répressive sont diverses. Pour certains, c'est
parce que les forces de répression veulent ainsi récupérer,
au détriment des petites gens, les retenues qu'elles ont
dû consentir sur leurs salaires afin de financer les Éperviers
(l'Equipe Nationale de Football) en déplacement au Mali.
Pour d'autres, c'est parce que la femme d'un baron du régime
avait mis la main sur le marché des casques.
Autre fait notable: la manifestation organisée par les leaders
de l'opposition, le samedi 16 février 2002 pour protester
contre le report des élections, a eu peu de succès,
et cela semblerait contredire la grogne que le peuple exprime de
plus en plus fortement. C'est tout simplement le fait que, las de
l'inconséquence des leaders de l'opposition et fort de l'expérience
de ces dernières années, il n'est plus disposé
à se sacrifier pour rien. Ils sont chaque jour plus nombreux,
ceux qui n'hésitent plus à mettre dans le même
sac le RPT (Rassemblement du peuple togolais, au pouvoir depuis
30 ans) et son opposition. Signe que les yeux s'ouvrent, que les
idées démocratiques progressent.
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