Lomé,
28 février 2003: La Coalition des Forces Démocratiques
(CFD), regroupement des principales formations politiques de l'opposition
togolaise, privée d'un de ses poids lourds avec le départ
de l'UFC de Gilchrist Olympio, se retrouve fragilisée à
l'approche de l'élection présidentielle, prévue
en principe en 2003.
Secouée depuis quelques jours par des dissensions internes,
la CFD - alliance de neuf partis et sensibilités politiques
- est affaiblie depuis la décision, mardi, de l'Union des
forces du changement (UFC) principale formation de l'opposition,
de quitter ses rangs.
Le retrait du parti de Gilchrist Olympio vise à protester
contre l'entrée de la CFD dans la nouvelle Commission électorale
nationale indépendante (CENI), chargée de superviser
la prochaine élection présidentielle.
Le 19 février, la CFD avait envoyé la liste de ses
représentants à la CENI, répondant ainsi favorablement
à la demande du Premier ministre, Koffi Sama. Les responsables
de l'UFC ont estimé qu'ils ne pourront plus continuer à
militer au sein de cet organe, dont "la
stratégie et les actions ne sont ni cohérentes, ni
lisibles".
Créée à la veille des dernières élections
législatives, la CFD est la première alliance au Togo
regroupant toutes les formations de l'opposition dite "traditionnelle".
Au lendemain de sa création, certains observateurs avaient
toutefois émis des doutes sur la "bonne foi"
des leaders de certains partis politiques ayant intégré
cette alliance et sur sa longévité.
"Cette situation ne me surprend pas. Je m'attendais à
tout moment à l'éclatement de cette union, parce que
certains responsables de partis politiques membres de cette alliance
n'ont pas les mêmes points de vue. Les intérêts
visés ne sont pas les mêmes", a déclaré
à l'AFP un diplomate en poste dans la capitale togolaise.
Ces derniers jours, certains journaux togolais ont sévèrement
critiqué l'UFC, estimant que ce parti a "signé
l'arrêt de mort" de la coalition d'opposition.
"L'UFC doit prendre position et éviter de mener
tout un peuple en bateau. Il doit comprendre que les Togolais en
ont assez de toute la classe politique", commente l'hebdomadaire
"Le Combat du peuple".
"Tout compte fait, le plus important reste la survie de
la CFD face au veto de l'UFC. Les autres partis membres doivent
prendre leurs responsabilités devant l'histoire et la fin
justifiera les moyens", conclut le journal.
Cette fracture de l'opposition "traditionnelle" apparaît
alors qu'une élection présidentielle très attendue
doit en principe être organisée en 2003.
Le président Gnassingbé Eyadéma, qui vient
de fêter ses 36 ans de pouvoir, a en plusieurs occasions annoncé
sa volonté de passer la main en 2003, comme le prévoyait
la Constitution "ancienne formule".
Pour mettre fin à dix ans de tensions politiques, le pouvoir
et l'opposition avaient même conclu un accord, en juillet
1999, baptisé "Accord Cadre de Lomé" (ACL)
qui prévoyait notamment des législatives anticipées
et le retrait du président Eyadéma en 2003.
Mais, le 30 décembre dernier, le Parlement togolais a procédé
à des modifications constitutionnelles ouvrant notamment
la voie à une nouvelle candidature du général
Eyadéma.
Ce dernier ne s'est pas encore prononcé officiellement sur
son éventuelle candidature, mais le président de l'Assemblée
nationale, Fambaré Ouattara Natchaba, s'est exprimé
la semaine dernière en faveur d'un nouveau mandat pour le
président Eyadéma, au cours d'un "meeting
de soutien" organisé à Lomé en présence
du Premier ministre et de nombreux responsables du parti au pouvoir,
le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT).
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