Ouagadougou / Lomé, 31 juillet 2002: Dans une interview
accordée à Ouagadougou (Burkina Faso) au journal L'Observateur
Paalga , le Lieutenant-colonel Ernest GNASSINGBÉ a implicitement
admis l'existence du siphonage des caisses de l'État. Il
dément d'autre part les allégations de menaces contre
Messan Agbéyomé KODJO et s'enfonce davantage dans
la contradiction.
En effet, le 25 juillet 2002 lors d'un entretien d'une vingtaine
de minutes avec deux journalistes dans sa chambre d'hôtel
dans la capitale Burkinabè, le fils aîné du
général Eyadema GNASSINGBÉ, qui est lieutenant-colonel
de l'armée et chef de corps des commandos parachutistes de
la région de Kara, déclarait entre autre "qu'il
y a des gens au Togo qui veulent que le président parte,
pour qu'eux aussi puissent partir pour aller dépenser leur
fortune accumulée dans les banques européennes. Au
Togo, il y a des gens qui se sont remplis les poches et qui souhaitent
cette situation". Il faisait ainsi allusion à son
ex-beau-frère, l'ancien Premier Ministre et ex-dauphin politique,
Messan Agbéyomé KODJO, entré en dissidence
vis-à-vis de son père, le général EYADEMA.
Notons que la formualtion " eux aussi " admet que
M. KODJO n'était qu'un siphoneur parmi d'autres.
S'agissant des allégations de menaces de mort qu'il aurait
proférées contre l'ancien Premier Ministre, Ernest
GNASSINGBÉ a sa version des faits: " des renseignements
avérés m'ont appris que pendant l'absence de papa,
le président Eyadéma, l'aide de camp d'Agbéyomé,
le lieutenant Fenemeyan (FIOMAGNE,
note de la rédaction), se rendait à son domicile.
Lorsque j'ai su cela, j'ai appelé cet aide de camp, en tant
que son supérieur dans l'armée, pour lui donner des
conseils. Je lui ai demandé d'abord: est-ce normal que pendant
l'absence du président de la République, toi, aide
de camp du Premier ministre, te rende chez le chef de l'Etat? Il
m'a répondu non. Alors je lui ai dit que ce sont des conseils
que je lui prodigue et que j'aurais pu agir autrement. J'ai ajouté
que s'il continuait ce comportement, je le ferais arrêter.
L'aide de camp m'a remercié pour ces conseils. Quelque temps
après, je lis dans un journal du Togo, que j'ai menacé
de mort Agbéyomé KODJO. Non, je ne l'ai jamais fait.
"
Seulement, son proche parent M. Akrima KOGOE, qui faisait figure
d'idéologue ethnocrate du RPT et dirige actuellement en qualité
de DG la Société Aéroportuaire de Lomé
Tokoin (SALT), avait dans un droit de réponse publié
mi-juin 2002 dans un journal togolais, admis "qu'il y a
eu menaces de mort " et qu'il (KOGOE) était en train
de déployer des efforts de conciliation afin de dissuader
le Premier Ministre d'offrir sa démission en signe de protestation."
Il avertissait par la même occasion le PM KOJO "que
sa démission serait en même temps son suicide politique
(sic)".
Et comme les lecteurs de Ouagadougou ne lisent pas nécessairement
ce qui a été publié auparavant dans les journaux
à quelques 800 kilomètres d'eux à Lomé,
il en résulte une contradiction de plus qui reste à
lever. De préférence par l'intéressé
lui-même.
Dans sa lettre de démission en date du 27 juin 2002, l'ancien
PM KODJO avait nommément accusé le Lieutenant-colonel
Ernest GNASSINGBÉ de "faire soumettre les détenus
au Camp Landja, à Kara, à des traitements inhumains."
Rappelons qu'en 1992, un rapport d'enquête d'une commission
internationale de juges en avait conclu à la responsabilité
du Capitaine Ernest GNASSINGBÉ dans l'attentat de Soudou,
près de Bafilo. Cet attentat avait coûté la
vie au président du parti d'opposition UTR, Dr. Marc ATTIDEPE,
ainsi qu'à plusieurs personnes qui accompagnaient une délégation
du parti d'opposition UFC. Le président de ce parti, Gilchrist
OLYMPIO, avait été grièvement blessé
et n'a dû sa survie qu'à son évacuation sanitaire
rapide sur Paris.
Les conclusions de ce rapport d'enquête sont restées
sans suite judiciaire.
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