Genève, 21 octobre 2002: Plusieurs membres du Comité
des droits de l'Homme de l'ONU se sont déclarés insatisfaits,
lundi à Genève, de la réponse des autorités
togolaises sur les allégations concernant des exécutions
extrajudiciaires perpétrées au Togo en 1998 et ont
demandé que la lumière soit faite.
Le Comité, composé de 18 experts indépendants,
entendait deux représentants officiels togolais sur la façon
dont le Togo applique le Pacte international sur les droits civils
et politiques de 1976.
Les experts les ont interrogés sur les suites que Lomé
entendait donner aux recommandations d'une commission internationale
d'enquête conjointe de l'ONU et de l'OUA.
En février 2001, celle-ci avait préconisé une
enquête judiciaire afin d'élucider les différentes
allégations d'exécutions extrajudiciaires, disparitions
forcées, tortures et mauvais traitements à l'encontre
d'opposants, après la réélection du chef de
l'Etat Gnassingbé Eyadéma en juin
Amnesty International (AI) avait enquêté sur ces allégations
et recueilli des témoignages de pêcheurs ayant vu des
cadavres en mer.
Abdou Assuma, membre de la Cour constitutionnelle togolaise, a répondu
que la commission de l'ONU et de l'OUA n'avaient pu ni confirmer
ni infirmer ces informations. "Une commission nationale
d'enquête a conclu que les allégations d'Amnesty International
étaient infondées et fausses", a-t-il ajouté.
Plusieurs membres du Comité ont contesté ces affirmations.
"Le doute va demeurer et on continuera à se demander
ce qu'il est advenu de ces citoyens assassinés et même
parfois décapités dont les corps ont été
retrouvés sur les plages du Togo et du Bénin",
a déclaré Hipolito Solari Yrigoyen (Argentine).
"La commission d'enquête OUA-ONU a estimé que
ces accusations devaient être prises en compte. Lorsque l'ONU
a pu parler aux pêcheurs, ces allégations ont été
confirmées. Les pêcheurs avaient peur des représailles
et ont enterré les corps eux-mêmes", a-t-il
ajouté.
S'associant à la demande de son collègue pour que
la lumière soit faite sur ces évènements, Eckart
Klein (Allemagne) s'est également alarmé de la "foule
d'allégations de tortures" qui seraient "monnaie
courante" au Togo.
Alors que les représentants du gouvernement ont reconnu "quelques
rares cas de tortures commis par des agents indélicats qui
ont fait l'objet de sanctions exemplaires", M. Eckart a
relevé "une contradiction flagrante entre ce que
dit le gouvernement et ce qu'entend le comité" dans
les plaintes individuelles ou d'ONG qui lui sont adressées.
Il a notamment évoqué des témoignages concernant
un camp de prisonniers dirigé par le fils du chef de l'Etat,
Ernest Gnassingbé Eyadéma, le camp Landia, baptisé
"camp de torture". "Il semble qu'il y ait
d'autres camp de ce type dans le pays", a dit l'expert.
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