Lomé,
8 décembre 2002: En effectuant le 27 novembre 2002 dans
la capitale togolaise une visite-éclair dite de travail, le
ministre français des affaires étrangères Dominique
de Villepin annonçait officiellement qu'il apportait le soutien
de son gouvernement aux efforts de médiation du chef de l'Etat
togolais dans la crise ivoirienne, une médiation qui, il est
vrai, a sérieusement pris du plomb dans l'aile.
En marge de cette rencontre, le général Eyadema déclarait
à des journalistes qui accompagnaient le ministre français,
n'avoir jamais promis au Président Chirac de ne plus briguer
un autre mandat présidentiel en 2003. Rappelons au passage
que la Constitution togolaise prescrit la limitation de la fonction
présidentielle à deux mandats et qu'une promesse hypothétique
faite devant tiers personnes ne saurait y modifier un iota.
Selon des informations publiées par le quotidien français
Le Monde dans son édition du 7 décembre
2002, une telle rétraction ne tombait pas de la bouche du
général Eyadema pour la première fois: en septembre
de la même année, le général Gnassingbé
Eyadema faisait des déclarations sans équivoque allant
dans le même sens devant un émissaire spécial
du Président Chirac, notamment l'écrivain français
Denis Tillinac, en visite à Lomé.
Cette chronologie incline à conclure de que c'est pas l'issue
des législatives unilatérales et peu crédibles
du 27 octobre 2002 qui a amené le général Eyadema
à se rétracter par rapport à un engagement
qui était pourtant l'axe central de l'accord
de compromis signé le 22 juillet 1999 entre le pouvoir
et l'opposition sous le parrainage de Jacques Chirac, alors Président
en cohabitation. Bien au contraire, les conditions de ce scrutin
sont la preuve manifeste que le général Eyadema, au
pouvoir depuis 1967 après l'assassinat en 1963 du Père
de l'indépendance du Togo Sylvanus Olympio, a opté
depuis longtemps pour une logique de fourberie et de confrontation
et voulait créer les conditions institutionnelles lui permettant
de parvenir à ce résultat.
Ce choix a t-il été fait au vu et au su de son parrain
politique en Hexagone? Compte tenu de la porté de cette interrogation
et surtout des conséquences qui découlent, il est
permis de penser que M. Chirac et ses conseillers en politique africaine
ne donnent pas l'impression d'avoir été confrontés
à une situation inattendue. Quelques soient les circonstances
de cette rétraction, elles n'auront que valeur de corollaire
par rapport à la détermination des Togolais à
décider eux-mêmes de leur destin politique par tous
les moyens.
Cela étant dit, un constat s'impose: cette rétraction
et le silence tacite du parrain d'antan soulèvent la question
cardinale de la crédibilité de M. Chirac par rapport
à ses engagements. Ils en résultera qu'au Togo, comme
dans d'autres pays d'Afrique francophone, bien de pendules doivent
être remises à l'heure. D'autres Africains devraient
en tirer les enseignements qui s'imposent.
Coté opposition togolaise, certains leaders de partis politiques,
qui jusqu'à un passé encore récent tenaient
un discours compréhensif ou posaient des actes conciliants
vis-à-vis d'Eyadema se retrouvent dans de mauvais draps.
Ils devront bientôt expliquer à leurs propres bases
les raisons de leur conciliation devant la descente aux enfers du
Togo.
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