Lomé, 24 septembre
2002: Dans un appel presque pathétique lu à la télévision
nationale, le président togolais Eyadéma GNASSINGBÉ
a expressément invité vendredi soir "tous les
protagonistes en Côte d'Ivoire à mettre fin aux affrontements".
Si l'appel du Président togolais se fonde sur ce qu'il appelle
"la mémoire de feu le président Félix
HOUPHOUËT-BOIGNY" et la raison économique pour
souligner l'urgence d'une solution négociée, il cache
mal une certaine nervosité de plus en plus perceptible à
Lomé II. Vingt quatre heures après ce premier "
appel pressant aux protagonistes ", le général
Eyadema GNASSINGBÉ insiste: " une situation qui dure
comme, ça donne d'autres idées à tout le monde",
sans préciser naturellement quelles idées et à
qui.
Rappelons que le président togolais avait indiqué
avoir offert lundi sa médiation au président de la
Côte d'Ivoire, un pays qui est secouée depuis jeudi
par un nouveau soulèvement militaire au cours duquel le général
Robert GUEIÏ, auteur d'un coup d'Etat en 1999, et le ministre
de l'intérieur, Emile Boga Doudou, ont été
tués à Abidjan. L'opposant Alassane Dramane OUATTARA
n'aurait eu la vie sauve que pour avoir trouvé refuge au
domicile de l'ambassadeur de la R.F.A., son voisin.
Interrogé sur sa participation au sommet de Marrakech, le
président Eyadéma GNASSINGBÉ est resté
évasif, se contentant d'indiquer que ce type de rencontre
nécessite "un travail en concertation".
Des observateurs avertis de la scène politique togolaise
estiment que le Chef de l'Etat togolais est actuellement "
hanté " par le risque de contagion des soulèvements
dans un pays, qui passaient pour un "havre de la paix".
Le régime togolais n'est que trop conscient des similitudes
frappantes qui existent entre les récents tripatouillages
des lois électorales en RCI et au Togo (redéfinition
des conditions d'éligibilité et d'exercice du droit
de vote, etc.), où comme au Togo une frange non négligeable
de la classe politique et de la jeunesse est tenue à l'écart
des élections.
Sur le parquet diplomatique, les médiateurs se bousculent
pour le leadership de l'initiative: une médiation initiée
par président gabonais Omar BONGO et le roi MOHAMMED VI du
Maroc se la dispute avec l'Union Africaine (héritière
de l'OUA), éminemment muette depuis le début de la
crise, et la CEDEAO dont président en exercice, Abdoulaye
WADE du Sénégal sur la meilleure approche de solution.
A l'horizon une quatrième initiative conjointe imminente
du Chef de la révolution libyenne, Mouammar El KHADAFI, et
du président togolais Eyadema GNASSINGBÉ. Tout laisse
croire que cette " bousculade " est loin d'être
terminée.
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