Nairobi, 1er janvier 2002: Le président togolais
Gnassingbé Eyadéma est "une honte pour l'Afrique",
estime mercredi The Daily Nation, le quotidien le plus important
du Kenya, après que le Parlement togolais eut modifié
la Constitution pour permettre au chef de l'Etat de briguer un nouveau
mandat.
"Par rapport à ce qui s'est passé dans ce
minuscule pays d'Afrique de l'Ouest, nous, Kenyans, pouvons nous
considérer comme chanceux", écrit le journal
dans un éditorial intitulé "Eyadéma,
une honte pour l'Afrique".
Ancien dirigeant de l'opposition, Mwai Kibaki est devenu le troisième
président du Kenya dimanche, après avoir remporté
les élections générales du 27 décembre.
Il a succédé à Daniel arap Moi, 78 ans, au
pouvoir depuis 1978, à qui la Constitution interdisait de
se représenter. Cette première alternance démocratique
du pays depuis son indépendance en 1963 s'est effectuée
sans violence et a été chaleureusement saluée
par la communauté internationale.
Arrivé au pouvoir en 1967, le président Eyadéma
est le doyen des chefs d'Etat en Afrique. "Il est un des
derniers dinosaures politiques du continent", souligne
The Nation.
"Les autres sont Mouammar Kadhafi de Libye et Omar Bongo
du Gabon. Mais au moins ces deux derniers n'ont pas la prétention
de tenir des élections démocratiques", ajoute
le quotidien.
"Ce qu'a fait Eyadéma a rejeté l'Afrique
dans des temps révolus où les présidences à
vie étaient la norme. Il est temps que le reste du continent
décourage activement cette tendance. Il y a plusieurs façons
de le faire", écrit-il.
"Les pays africains sont en train de réaliser rapidement
leur intégration économique. Leurs dirigeants peuvent
fermer la porte à des gens comme Eyadéma",
propose le journal. Le Kenya est un des rares pays d'Afrique à
n'avoir connu ni coup d'Etat ni régime militaire.
The Nation conclut son éditorial en ayant une "pensée
pour nos compatriotes africains qui sont incapables de se libérer
par eux-mêmes des chaînes de la dictature".
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